Le gouvernement Bouden vient de lancer l’élaboration du Plan de développement 2023-2025. Selon le ministère de l’Economie et de la Planification en charge du dossier, le document final sera prêt, vers fin juin 2022.

Enclenchée au niveau central et régional, la préparation de ce plan constitue une opportunité pour les cadres multidisciplinaires du pays pour cogiter sur de nouvelles niches et perspectives développementales devant créer de nouveaux emplois et opportunités entrepreneuriales.

Ce nouveau plan intervient après le 13ème (2016-2020) lequel n’a pas pu être mené à terme à cause de l’instabilité gouvernementale. A rappeler au passage que quatre gouvernements (Essid, Chahed, Fakhfakh et Mechichi) se sont succédé, durant cette période, sans parvenir à faire aboutir de réformes escomptées.

Le 13ème plan, un véritable fiasco

Articulé pourtant autour de trois options d’une grande actualité, l’économie numérique, l’économie verte et l’économie solidaire et sociale, le 13ème plan a été un véritable fiasco.

Il n’a pas favorisé la réalisation des objectifs souhaités. Il s’agit notamment de la réforme des réformes, la digitalisation de l’administration – laquelle aurait pu atténuer la corruption qui gangrène ce secteur. Vient ensuite l’économie solidaire et sociale – dont le projet de loi adopté à cette fin au temps du gouvernement Fakhfakh est vicié à la base et se caractérise par son inapplicabilité.

Enfin l’option pour l’économie verte, laquelle, loin d’être promue, a été au contraire entachée par la recrudescence de la pollution dans les villes (affaire de la saturation des décharges dans le Grand Tunis et à Sfax) avec comme point d’orgue, le scandale de l’importation de déchets d’Italie.

Cela pour dire que le 13ème plan a été, le moins qu’on puisse dire, un point noir dans le processus du développement du pays.

Pour sa part, le 14ème plan s’annonce difficile à réaliser dans la mesure où les mêmes problèmes demeurent : faible part des énergies vertes dans la production globale d’électricité, peu de diversification de l’économie du pays, problématique structurelle de la pollution dans les villes et dans les sites industriels.

Il faut compter, malheureusement, sur l’aide et la pression des bailleurs de fonds pour connaître quelques avancées notamment en matière d’efficience budgétaire et monétaire.

Des niches prometteuses

Au plan institutionnel, beaucoup d’espoirs seront placés dans le démarrage, dans le cadre du 14ème plan, de la mise en place de deux structures fort attendues : l’Agence spécialisée dans la gestion de la dette (Agence de trésor) et celle de gestion des participations de l’Etat.

Une forte pression sera également exercée aux fins de rationaliser la compensation et la limiter à ceux qui en ont besoin, d’améliorer la gouvernance des entreprises publiques et des caisses de sécurité sociales.

L’accent sera également mis sur le besoin de remédier à l’absence d’infrastructures dans l’arrière-pays : autoroute Tunis-Jelma (centre-est de la Tunisie), construction de voies expresses est-ouest, réalisation d’hôpitaux publics multidisciplinaires à Kairouan, Gafsa, Gabès, Kasserine…

Au plan industriel, les attentes sont au nombre de deux : le démarrage de la mise en œuvre d’une dizaine de stratégies sectorielles (2023-2035), voire de pactes sectoriels conclus entre la centrale syndicale et le patronat, le développement de l’agro-industrie (conditionnement de l’huile d’olive, promotion de la production de l’huile de colza…).

Au niveau agricole, nous pensons qu’un intérêt particulier gagnerait à être accordé à l’accroissement des exportations des produits du terroir vers les marchés du sud-est asiatique, la numérisation des données cadastres en Tunisie à la faveur d’une assistance significative de la Corée du Sud (prêt de 170 MDT à des conditions avantageuses)…

Au plan environnemental, la Tunisie gagnerait à prévoir, dans le cadre du 14ème plan de développement, d’importants projets stratégiques : lutte contre le réchauffement climatique, élaboration d’une stratégie de long terme sur les ressources hydriques, exploitation des eaux territoriales (80 mille Km2) dans le cadre du développement de l’économie de la mer…

Et pour ne rien oublier, une attention particulière devrait être accordée à la diversification du produit touristique à travers le développement d’autres produits dont le tourisme archéologique, le tourisme régional, le tourisme saharien et rural… Le principe étant “chaque village en Tunisie est un village touristique“.

Ce sont là les esquisses de quelques pistes à explorer pour redonner confiance aux Tunisiens et leur donner l’opportunité de croire que leur pays dispose des moyens et ressources requis pour les faire vivre de manière décente.

A bon entendeur.

Abou SARRA