L’absence de création de richesse constitue davantage un handicap pour l’économie tunisienne que les politiques économiques, selon l’universitaire Fatma Marrakchi

En effet, les politiques budgétaire, monétaire et de change demeurent conjoncturelles et servent avant tout à pallier aux différents chocs que peut recevoir l’économie, a-t-elle expliqué lors d’un colloque sur la ” situation économique du pays et les sentiers de sortie de crise “, par le journal électronique Montadayet.

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Pour renverser la donne, il faut libérer les énergies, examiner les problèmes et les obstacles qui entravent la création d’entreprises et leur développement, estime-t-elle.

Marrakchi considère que la sortie de la crise économique actuelle n’est pas tributaire de la politique de change, mais plutôt du changement de modèle de développement économique, à travers un secteur privé capable de créer de la valeur et une économie concurrentielle.

Dans son analyse de la politique monétaire de la Tunisie, l’universitaire met l’accent sur l’impact de la baisse de la moyenne de la croissance économique entre les périodes pré-révolution et post-révolution, sur la dépréciation du dinar, laquelle est passée de 4,5% à 0,7%.

Cette importante baisse s’est manifestée à travers la régression des exportations tunisiennes, la hausse de la demande de devises, la baisse du taux d’investissement, et la hausse de la consommation, a-t-elle expliqué, ajoutant que cette situation a conduit vers la dépréciation du dinar dont la valeur est le fruit de l’écart entre l’offre et la demande de devises.

“Certes, l’impact de la dépréciation de la valeur d’une monnaie n’est pas toujours négatif en soi, mais pour la Tunisie la dépréciation du dinar tunisien a favorisé l’inflation (hausse des prix à l’importation), le déficit budgétaire de l’Etat (hausse de la subvention) et le paiement de la dette libellée en devises. Je reste sceptique par rapport aux effets bénéfiques de cette dépréciation, notamment en ce qui concerne la compétitivité de nos produits vendus à l’étranger”, note Marrakchi. Elle s’interroge à cet égard sur les alternatives à la la baisse des prix à l’exportation: “est-elle la seule solution pour booster les exportations tunisiennes?”.

Pour elle, la parité de la monnaie n’est pas la responsabilité de la BCT, car la stabilisation du taux de change doit être assurée, en œuvrant à consolider les fondamentaux de l’économie tunisienne. L’Institut d’émission intervient pour corriger ces dépréciations, en utilisant les réserves en devises, alors que ces stocks devront servir à couvrir les besoins essentiels du pays en importation, notamment du blé et de l’énergie.

De même, la BCT intervient par le biais d’augmentation du taux d’intérêt directeur pour augmenter le coût des crédits, en vue de diminuer la consommation des ménages et des produits importés et de la demande sur les devises. Cependant, cette intervention ne manquera pas de freiner les crédits d’investissements et la croissance économique par conséquent.

Pour conclure, Marrakchi rappelle que la valeur du dinar est déterminée également par le différentiel de la croissance réalisée par la Tunisie et les partenaires avec lesquels elle effectue ses échanges commerciaux.