Pour accélérer l’adoption des énergies renouvelables en Tunisie, il convient d’abord, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), de résoudre les problématiques liées à l’absence de planification globale, à la multitude d’intervenants, à la complexité des procédures, à l’insuffisance des infrastructures disponibles et au financement.

Dans un rapport évaluant l’état de préparation de la Tunisie aux énergies renouvelables, l’agence recommande d’entreprendre huit actions essentielles pour accélérer l’adoption des énergies renouvelables par le pays.

Planifier, évaluer le potentiel, simplifier les procédures et définir les responsabilités

Il s’agit d’abord, de mettre en place un cadre de planification et un calendrier relatifs aux énergies renouvelables. Le rapport souligne que le Plan solaire tunisien (PST) encourage l’installation d’environ 4 gigawatts (GW) d’énergie électrique de source renouvelable variable (ERV) (solaire et éolienne) et leur adjonction au réseau.

Le pays aura donc besoin d’une méthodologie de planification globale, à long terme, et notamment d’un calendrier réaliste fixant les montées en capacité du système national de l’électricité au-delà de 2023. En planifiant la nouvelle capacité à l’avance, ainsi que les lieux d’implantation et les technologies, il sera possible de résoudre certaines contraintes présentées par le système.

L’IRENA propose, ensuite, d’améliorer l’évaluation du potentiel en énergies renouvelables à travers le zonage. Ainsi, les bases de données actuelles de la Tunisie doivent être améliorées pour refléter les récentes campagnes d’évaluation sur les ressources d’énergies renouvelables. Il est essentiel de disposer de données plus fines afin de définir les zones qui, en Tunisie, sont les plus aptes au développement des différentes technologies liées aux énergies renouvelables.

L’agence estime, par ailleurs, nécessaire de simplifier les procédures d’approvisionnement destiné au développement du réseau électrique. L’acquisition et la mise en place des infrastructures de transport en réseau par la STEG font l’objet de marchés publics. La longueur des procédures y relatives entraîne un décalage entre la date d’achèvement d’une centrale produisant de l’énergie renouvelable et celle du raccordement au réseau pour y injecter l’électricité produite. Des études intégrées avec les principales parties prenantes en matière d’énergies renouvelables permettraient d’identifier des scénarios liés aux infrastructures de réseau plus précis.

Le rapport souligne, en outre, la nécessité de définir clairement les responsabilités au sein des institutions et de renforcer les ressources humaines. L’IRNEA estime que, compte tenu du nombre considérable de ministères et d’institutions publiques impliqués dans les projets liés aux énergies renouvelables, les entrepreneurs ont du mal à comprendre les procédures d’autorisation de leurs projets. Elle plaide ainsi pour la création d’une seule plate-forme en ligne qui permettrait de clarifier le rôle que jouent les différentes institutions impliquées dans l’approbation des projets.

Une telle plate-forme comprendrait des directives normalisées et la liste des autorités concernées, en précisant les rôles et responsabilités de chacune d’entre elles pendant les différentes étapes de la mise en œuvre des projets.

L’IRENA appelle aussi à établir un régulateur indépendant pour le sous-secteur de l’électricité. Cette autorité garantira le respect des réglementations et encouragera la mise en place d’un environnement concurrentiel transparent et équitable pour les producteurs privés.

Résoudre la problématique du financement

Sous le chapitre du financement, l’IRENA a formulé trois recommandations. Il s’agit d’abord de rendre pleinement opérationnel le Fonds de transition énergétique en mobilisant les fonds nécessaires auprès des secteurs public et privé. Des mesures incitatives, des prêts et des lignes de crédit doivent être mis à disposition par les institutions financières internationales à cette fin.

L’agence recommande également de créer un mécanisme de financement dédié au pompage solaire de l’eau en concevant un programme encourageant les agriculteurs à remplacer le diesel par l’énergie solaire photovoltaïque pour pomper l’eau. Il serait possible de développer ce programme dans le cadre des programmes Prosol et Prosol électrique, pour que les aides de l’Etat (notamment le système de crédits) correspondent à la capacité de remboursement des agriculteurs.

L’IRENA considère, par ailleurs, important d’impliquer les banques locales dans le financement des énergies renouvelables. Pour ce faire, le gouvernement devrait renforcer les capacités humaines et techniques des institutions financières locales, afin d’améliorer leur aptitude à évaluer les risques liés aux projets et de les encourager à créer des mécanismes de crédit. Il convient aussi d’intensifier la levée de fonds d’origine étrangère, notamment par le biais de la coopération bilatérale et des programmes de financement pour le climat garantis par la Société tunisienne de garantie ou appuyés par la Banque centrale de Tunisie.