Le gouvernement est appelé à clarifier sa vision économique, afin de permettre au système bancaire de jouer son rôle dans le sauvetage de l’économie nationale, a affirmé le président d’honneur de l’Association tunisienne pour la promotion de la culture financière (ATCF), Ahmed El Karm.

Les banques, les établissements financiers et les acteurs économiques souffrent aujourd’hui de l’incertitude qui règne sur le pays en raison de la crise politique et de l’absence d’une stratégie d’action bien ficelée pour la phase post-Covid-19, a-t-il dit, dans une déclaration à l’agence TAP, en marge d’une conférence organisée par l’ATCF du 26 au 28 mars 2021 à Hammamet sur ” Les nouveaux défis post-Covid-19 pour les entreprises nationales “.

A l’aveuglette

” Il est inconcevable que personne ne sache aujourd’hui si la Tunisie va signer un nouveau programme avec le FMI, ni les réformes que pourrait comporter un tel accord.

Aucune information n’est par ailleurs disponible, sur la loi de finances complémentaire pour 2021, ni sur les mesures que pourrait apporter cette loi “, a-t-il déclaré.

Pour lui, cette incertitude pèse lourdement sur les banques, les acteurs économiques et les investisseurs internationaux, prolongent la situation d’attentisme et impacte négativement, l’investissement et l’épargne dans le pays.

El Karm invite les acteurs politiques à surmonter leurs conflits et à accélérer la résolution de la crise politique afin de favoriser la relance économique et de redonner confiance au système bancaire et financier afin de l’inciter à financer le développement économique.

Il fait savoir qu’environ 17 milliards de dinars circulent annuellement en dehors du secteur bancaire, affirmant que ce chiffre reflète l’incapacité de trouver des solutions pour réintégrer ces fonds au circuit bancaire et financier et les réinjecter dans l’économie.

Le président d’honneur de l’ATCF à souligné l’impératif de mettre en place les mécanismes législatifs qui favorisent l’adhésion au secteur organisé, sans criminaliser les 1,5 millions de Tunisiens qui se sont trouvés contraints de travailler dans l’informel à cause de la rigidité des lois et la complexité des procédures.

Il a fait remarquer que le système bancaire doit préparer la transition vers la banque de demain, qui exige du secteur bancaire de relever un ensemble de défis, dont l’instauration de la banque citoyenne, la numérisation et le renforcement de la solidité bancaire.

La banque citoyenne est celle qui soit proche des citoyens, contribue à la réalisation des objectifs de développement, adopte les principes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, respecte l’égalité des genres et favorise le financement des projets d’économie verte, selon El Karam.

L’inclusion financière de 40% des Tunisiens en jeux

L’expert bancaire a également plaidé pour l’accélération de la numérisation du secteur bancaire en vue de favoriser l’inclusion financière d’autant plus que 40% des Tunisiens ne disposent pas de comptes bancaires.

La numérisation bancaire permet de renforcer la compétitivité des banques, dans un contexte d’évolution technologique rapide et face à l’émergence d’une nouvelle concurrence de la part des banques en ligne et des institutions financières lancées par les grandes entreprises technologiques et les opérateurs de télécommunications.

Il a, en outre, appelé à renforcer la solidité financière du système bancaire et la capacité des banques à faire face aux imprévus pour une meilleure protection des clients, rappelant le ” stress test ” effectué par la Banque centrale de Tunisie en novembre 2020, dont les résultats ont confirmé la résilience des banques tunisiennes face à la pandémie du coronavirus.