Qu’il est difficile d’être jeune dans mon pays. Doit-on mourir pour avoir droit à la vie, pour être reconnu ? Quelle alternative offre-t-on à l’écrasante majorité de nos jeunes? « Brûler » ou pas, comme le disait Balti ? Plus de rêves ! Plus rien qui les retienne ! Tout sauf rester ici. Risquer sa vie ? Voguer vers des chimères ? Qu’à cela ne tienne. Au moins, il y a des chances de survie.

Que voient-ils dans la vie de tous les jours? Que des  #interdits. Des regards obliques. Des #portes closes. Des stations ratées. Des « repassez demain ». Des « vous n’avez pas le droit ». Des « rentrez chez vous ». Des « fais-moi plaisir ». Des arrestations musclées et autres cabales.

Peuvent-ils compter les moments de joie ? Ont-ils juste connu le goût d’un baiser, fût-il tarifé ? Un mien ami qui, il y a longtemps, conseillait à un jeune de son quartier de ne pas s’adonner à des produits dangereux pour sa santé, a reçu cette réponse cinglante : «Ma vie est celle d’un chien, ma mort le sera aussi».

Vous leur parlez de réussir. Mais ils n’en ont cure. Quand ils voient la réussite des adultes, ils ont envie d’échouer. Alors, si vous n’avez rien à leur proposer, au moins foutez-leur la paix.

Ce qui est en train de se passer ces derniers temps illustre, de mon point de vue, «l’écroulement central» d’une société. Un échec sociétal avéré. La #vitalité d’une société se mesure à l’aune de la #place qu’elle accorde à sa jeunesse et sur la manière dont elle la traite. Nul besoin de la dynamiter de l’extérieur, elle s’effondre d’elle-même. On ne pousse pas les jeunes au #désespoir et venir après leur reprocher d’utiliser les armes du désespoir.

Habib Karaouli