La Tunisie, de par sa nature méditerranéenne et saharienne, occupe une place de choix dans le développement d’une flore riche et variée et possède un grand potentiel de plantes médicinales, aromatiques et à parfum. Avec plus de 2160 espèces vasculaires (plantes à fleur), la Tunisie constitue, en Méditerranée, un véritable réservoir phytogénétique.

Pour valoriser et préserver ce potentiel, un projet est en cours, visant à répertorier les plantes médicinales les plus exploitées en Tunisie et à établir leurs monographies pour mettre en place des procédures de contrôle de qualité, à travers une approche multidisciplinaire incluant l’ethnobotanique, la pharmacologie, la toxicologie et la phyto-chimie.

Le projet consiste à élaborer des monographies des principales plantes médicinales, aromatiques et à parfum (PAM), en s’appuyant sur leur valeur ethnobotanique et les acquis de la recherche, en vue de valoriser les phyto-ressources fonctionnelles dans les secteurs agro-alimentaire, pharmacologique, cosmétique et chimique.

L’objectif final du projet est de fournir un outil scientifique technique avec un langage industriel, en indiquant tous les usages possibles des PAM et de leurs dérivés dans les domaines des pesticides naturels, teintures, additifs alimentaires, produits cosmétiques, nutraceutiques et pharmaceutiques. Le projet est mis en œuvre au sein du Centre Technique de la Chimie (CTC) en collaboration avec le Laboratoire des Écosystèmes Pastoraux et de Valorisation des Plantes Spontanées et des Micro-organismes Associés à L’Institut des Régions Arides Médenine ( IRA) et la société ” MEDIPHARM-SADEP”.

Au-delà de son apport sur le plan de sauvegarde du potentiel des PAM en Tunisie, le projet pourrait aider à diversifier l’offre dans la perspective de l’exploiter économiquement, à améliorer les conditions de mise en marché du produit et l’expansion des marchés via une meilleure valorisation du produit et permettre un meilleur positionnement de la Tunisie sur les nouveaux marchés (parapharmaceutiques, nutraceutiques et pharmaceutiques).

Ce projet est financé par le ministère de l’industrie, de l’énergie et des mines, dans le cadre du Programme National de la Recherche et de l’Innovation (PNRI). Il s’agit d’un mécanisme d’appui a la recherche collaborative, géré par la Direction générale de l’innovation et du développement technologique.

Elargir la Gamme d’exploitation des PAM

Pour le secteur de la Chimie, cette initiative pourrait aider à élargir la gamme d’exploitation des PAM par les unités de distillation existantes, instaurer de nouvelles techniques et technologiques pour l’extraction des substances actives et aider les exploitants à maîtriser les risques toxicologiques quant à l’utilisation de certaines plantes dans des formulations.

Il s’agit également, d’accroître la compétitivité des entreprises dans une approche de développement durable, optimiser et standardiser les niveaux de production des composés de valeur ajoutée. Et promouvoir le gisement tunisien en PAM avec des applications industrielles.

Sur le plan scientifique, c’est une opportunité de valorisation de la biodiversité à haute valeur ajoutée (ingrédients actifs) , d’optimisation des procédés de transformation et de transfert technologique. Elle permettra, selon les partenaires et les initiateurs du projet de développer un environnement de recherche et encourager les démarches scientifiques rigoureuses, afin de passer à la recherche empirique, à la capacité d’identifier et classer une plante PAM, par l’élaboration de protocoles validés et normalisés.

A travers ce projet, ils envisagent d’améliorer aussi, le contrôle de la qualité et de l’innocuité des produits et identifier les meilleures opportunités de création de valeur pour les entreprises de production et de transformation des PAM.

En Tunisie, le secteur des PAM contribue à la formation de la valeur de la production agricole à un taux de 0,8% en moyenne, à l’effort d’exportation par 1% et à l’emploi à travers l’offre de l’équivalent de 250 000 de journées de travail par an, ce qui correspond à 0,9% des journées de travail offertes par le secteur agricole, selon une étude récente sur l’amélioration de la qualité et du positionnement du secteur des PAM en Tunisie (AGRO-SERVICES, 2013).