La Tunisie est sous haute pression pour le rapatriement forcé des migrants irréguliers, notamment d’Italie et d’Espagne”, c’est ce qu’a souligné, lundi 10 août 2020, Romdhane Ben Amor, chargé de l’information au Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux.

Lors d’une conférence de presse tenue au siège du FTDES, Ben Amor a souligné que l’écart est large entre la position déclarée de ces deux pays, soutenant l’expérience démocratique naissante en Tunisie, et leurs tentatives secrètes d’imposer de nouveaux accords selon lesquels 80 migrants irréguliers seraient rapatriés à l’aéroport d’Enfidha chaque semaine.

Il déplore les conditions inhumaines qui accompagnent l’opération de rapatriement collectif forcé qui devrait être conforme aux normes.

Il a, par ailleurs, évoqué une baisse des opérations migratoires signalant que l’Italie a enregistré en 2017 l’arrivée de 119 mille migrants irréguliers de nationalités différentes contre 11 mille en 2020.

Pour sa part, le président du FTDES, Abderrahmane Hedhili, a souligné la question du déséquilibre du partenariat avec l’Union européenne concernant l’accord sur la liberté de circulation signé en 2014 estimant qu’il ne répond pas aux aspirations légitimes des populations de la rive sud de la Méditerranée à un traitement équitable entre les habitants des deux rives.

Dans ce contexte, il a évoqué les “accords de réadmission” qui visent à obliger la Tunisie à accueillir ses citoyens et tous les migrants en situation irrégulière qui quittent ses côte et ce, quelle que soit leur nationalité.

Selon Hedhili, ceci porte atteinte à souveraineté de l’Etat et aux droits des migrants, d’autant plus que la Tunisie n’a pas encore une loi sur l’asile et n’a pas ratifié la convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.

Hedhili estime nécessaire pour la Tunisie de reconsidérer les termes de l’accord d’association, ses objectifs implicites ainsi que les accords bilatéraux, en particulier avec l’Italie, pour élaborer une politique migratoire plus juste et équilibrée notamment en ce qui concerne la liberté de circulation.

Il a également critiqué la marginalisation du dossier des disparus en mer alors que la situation en Libye ne cesse de s’aggraver et les flux migratoires ne cessent d’augmenter.
Il a, en outre, dénoncé l’absence d’une politique migratoire claire adoptée par le gouvernement pour empêcher la violation continue des droits des migrants.