Dans le cadre de notre sélection de publications sur le réseaux sociaux. Chronique de Ferid Zaouali sur Tunis.

Comme il m’arrive une fois tous les six mois, aujourd’hui j’ai fais une plongée dans Tunis. J’évite d’y aller à cause de la circulation, du parking, du bruit, de la saleté, des mauvais regards, des sales têtes, des barrières, des odeurs, des façades défigurées, des trottoirs balafrés, des murs crasseux… rien mais vraiment rien ne t’incite à une balade dans cette capitale sauf une affaire urgente …ou les caprices d’une épouse. Je n’ai plus d’affaires urgentes depuis que j’ai décidé de ne plus me presser.

Heureusement en ce jour chômé, il y avait assez de places dans un parking proche du centre ville. La rue Mokhtar Attia me parut assez propre et ça m’a agréablement surpris. Amèrement je constate que plusieurs boutiques de cette rue ont changé de commerce et se sont toutes transformées en lieux de bouffe ou en cafétérias. Et là j’ai eu presque les larmes aux yeux en constatant que « Chez Memmi » n’a pas subi cette folie dévastatrice. La boulangerie est toujours là avec le même agencement des comptoirs et surtout son produit phare : la pizza au poids.

Je n’ai pu me retenir pour demander un morceau de cette pizza légère, presqu’aérienne, ensanglantée de tomates fraiches, garnie d’oignons croquant, de grosses olives et d’anchois. Par ces odeurs sont montés des pans de souvenirs d’étudiants.

Ces weekends qui commençaient le samedi à midi par un repas au resto H.Bouzeyene pour avaler les haricots d’un plat de loubia gélatineuse qui accompagnent une viande de dinosaure. Tout de suite après s’impose un rassemblement devant le café « Ali Baba », un verre de thé à la menthe pour refaire le monde, discuter culture ou cinéma et se décider pour « El 3asfour » de Chahine ou « Vol au dessus d’un nid de coucou » de Milos Forman ou encore pour un film de la dizaine de salles de cinéma situées dans un rayon de cinquante mètres.

Après la séance cinéma on se dirigeait vers « chez Memmi » pour cette pizza ou son fameux pâté au thon. Aux jours heureux (débuts du mois, qui ne durent pas plus de quatre ou cinq jours), on prolongeait vers l’Univers ou « Chez les nègres »…

C’est à ce moment qu’un papier mouchoir m’est tendu pour nettoyer la moitié de mon visage barbouillé par la sauce tomate et « m’inviter » à me dépêcher. J’ai quitté ce temple sans déguster une de ces citronnades mais avec la promesse ferme de repasser, au retour, pour nous provisionner en Kâak, pâtés et biscuits secs. (à suivre)