Le tunisien serait atteint par le syndrome de Calimero qui désigne les éternels plaintifs qui passent leurs journées à voir tout en noir. Calimero étant ce petit poussin noir, qui s’exclamait à chaque mésaventure  : « C’est trop injuste ! ». Ce personnage de dessin animé créé dans les années 1960 par les italiens a donné le nom à un trouble singulier : le syndrome de Calimero. Il désigne les personnes qui voient toujours le verre à moitié vide et le monde à travers un prisme négatif. 

Ce personnage nous est revenu à l’esprit en raison de la similitude de son comportement d’éternel plaintif avec celui du tunisien. Ce dernier est mécontent de tout. Il a, notamment, tendance à se plaindre au quotidien de la cherté de la vie et à faire assumer à la forte dépréciation du dinar par rapport aux fortes monnaies d’investissement et d’endettement (Dollar et euro) la responsabilité de sa paupérisation et de sa baisse du pouvoir d’achat.

Le dinar tunisien surclasse le dinar libyen

Et pourtant, à regarder de près son positionnement par rapport au reste des citoyens du monde, et particulièrement, de son environnement régional, le tunisien se porte beaucoup mieux, en dépit de la dépréciation du dinar. Certes ce n’est pas la grande prospérité, mais il a tendance à faire mieux, et partant, à vivre mieux que les autres. Un récent classement en témoigne de manière éloquente.

Il concerne celui du convertisseur de devises «Google Finance Forbes Currency Converter».

Ce classement, qui fait le bilan des principales monnaies africaines qui affichent des taux de change relativement élevés par rapport à la devise de référence, le dollar américain, a classé le dinar tunisien au premier rang des plus fortes monnaies africaines. La monnaie tunisienne est suivie dans ce classement par le dinar libyen, le dirham marocain, le cédi ghanéen, la roupie seychelloise et le pula botswanais.

Il s’agit d’une performance lorsqu’on sait que la Tunisie, tout comme le reste des pays africains d’ailleurs, a été frappée de plein fouet par trois crises : des sécheresses persistantes sur une longue période de plus de 5ans, la pandémie du Corona virus Covid 19 et la guerre Russie-Ukraine. Ces crises ont causé une inflation menaçante, chose qui a poussé les banques centrales du monde à agir avec des conséquences sur les monnaies de nombreux pays africains, dont notamment celles des grandes puissances du continent.

Certaines monnaies africaines ont perdu plus de la moitié de leur valeur vis-à-vis du dollar.

De nombreux pays africains, comme le Nigeria, l’Egypte, le Ghana, se débattent, de nos jours, entre dévaluation et restructuration monétaire, avec comme conséquences de fortes dépréciations de leurs monnaies. Ainsi, certaines monnaies africaines ont perdu plus de la moitié de leur valeur vis-à-vis du dollar.

Sur le continent africain, certaines monnaies ont pu résister malgré tout, et ce, à cause des politiques de pilotage menées par les banques centrales, l’ancrage de ces monnaies à des devises fortes et le dynamisme de ces économies. C’est entre autres le cas de la Tunisie.

D’après le rapport de Google Finance Forbes Currency Converter, le dinar tunisien est devenu « la monnaie la plus forte du continent en dépassant le dinar libyen. A la date du 12 février 2024, un dollar américain s’est échangé contre 3,13 dinars tunisien. La force de la monnaie tunisienne réside dans la politique monétaire fondée sur l’interdiction d’importer ou d’exporter des dinars ou de les convertir en une autre devise. Là, le dinar tunisien a pu afficher sa robustesse face au dollar ».

La recette de la performance tunisienne

Toujours d’après la même source, depuis l’an 2000, la Tunisie a adopté un flottement dirigé. Une étape intermédiaire qui devrait déboucher sur l’objectif de convertibilité totale du dinar et une parfaite mobilité du capital. Aussi, la politique monétaire de la Banque centrale de Tunisie s’est caractérisée par un régime de change encadré, dont l’objectif intermédiaire est un ajustement du taux de change du dinar par rapport à un panier de devises dominé par l’euro. Cette situation fait que le dinar reste robuste vis-à-vis du dollar, en dépit de la situation économique difficile que traverse l’économie tunisienne.