C’est sûrement le choix de l’avenir. L’industrie 4.0 est un levier de compétitivité pour les industries en pointe. C’est également une planche de salut pour les secteurs traditionnels menacés par la désindustrialisation.

Alors quelle stratégie pour la Tunisie ?

Le séminaire national sur l’industrie 4.0 se déroule à Tunis, les 19 et 20 février 2020. L’industrie 4.0, c’est l’industrie intelligente. On parle de Smart industrie, c’est-à-dire de l’industrie numérisée. Comprenez qu’il est question des technologies de l’IOT, du Big Data, de l’intelligence artificielle et son corollaire la robotique. De l’industrie de pointe, comprenez l’avionique, ou l’industrie pharmaceutique notamment, y vont déjà. C’est là une tendance mondiale. Il n’y a plus qu’à prendre la vague, cela va de soi.

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En revanche, pour les autres secteurs traditionnels, aller vers l’option 4.0 serait une issue pour se repositionner sur l’échelle des chaînes de valeur mondiales. Le pays subit un mouvement persistant de désindustrialisation. Il tiendrait avec l’industrie 4.0 une possibilité de riposte pour inverser le mouvement.

La Tunisie s’est lancée dans cette option 4.0, de manière sporadique. Elle souhaite générer un mouvement d’ensemble. A présent le pays se soucie d’une stratégie nationale, pour organiser un basculement total de toute l’industrie du pays.

Point de détail, le séminaire est accompagné d’un événement phare, organisé pour la circonstance, un “hackathon“ qui dénote d’une volonté nationale de diffuser un état d’esprit propice à l’industrie 4.0.

L’esprit du hackathon 

Ils sont 22 groupes constitués de 60 compétiteurs à se réunir dans le cadre d’un Hackathon expérimental. Cette compétition a démarré la veille du séminaire, c’est-à-dire le 18 février, et se prolongera sans arrêt durant 48 heures. Ils sont soit étudiants, soit promoteurs de start up, soit indépendants.

Trois entreprises, à savoir Leoni (entreprise allemande de composants automobiles), Telnet (société tunisienne de logiciels telecom) et Stelia aérospace (avionique) ont alimenté ce concours avec des problèmes concrets rencontrés sur leur chaîne de production.

Les 22 groupes proposeront, à l’issue des 48 h, des solutions pour la résolution de ces problèmes. Parmi elles, trois seront retenues et leurs auteurs primés lors d’une cérémonie à la clôture du séminaire.

Cette initiative vient rapprocher le milieu de l’université, de l’espace de la recherche et de l’univers de la production. Cet arrimage entre ces trois compartiments vitaux à la compétitivité de l’industrie de pointe est indispensable. Il préfigure l’écosystème propice à l’industrie 4.0. Cette résolution d’étendre cet écosystème à l’échelle nationale est soutenue par la coopération allemande GIZ et la Tunisie aura comme référent, en la matière, le modèle allemand, qu’il faudra naturellement implémenter aux couleurs locales.

Dr. Andreas Reinicke, ambassadeur d’Allemagne en Tunisie, a évoqué le cadre de l’expérience allemande. Elle est certes édifiante, au vu des performances de l’industrie allemande. On pense qu’un mix qui se serait inspiré aussi de l’expérience du Japon et de la Suède aurait été plus enrichissant. Nous gardons l’espoir que cela se fera en cours de route.

Quelle stratégie nationale 

A la manière de ce qui a été fait pour le Programme de mise à niveau de l’industrie, la Tunisie a mis au point un plan d’action. Un groupe de 1 000 entreprises a été recensé, dans le cadre du basculement vers l’industrie 4.0.

A son démarrage, ce plan portera sur un groupe pilote de 100 entreprises et comportera la formation, dans l’esprit de l’industrie 4.0, d’un groupe de 500 cadres.

En appui à ce programme, trois centres d’excellence et de compétences seront mis sur pied à Tunis, Sousse et Sfax. Des financements extérieurs viendront de l’UE dans le cadre du plan INOVI, en plus des concours de la GIZ. On regrette que, pour le moment, il ne soit pas prévu d’aller vers les régions de l’intérieur pour diffuser cette vague 4.0.

Exporter plus et mieux     

Slim Feriani, ministre de l’Industrie et des PME, dans son speech inaugural, a confirmé l’importance du partenariat avec l’Allemagne en matière de basculement vers l’industrie 4.0.

Le ministre a rappelé que le présent séminaire a été précédé, au mois d’avril 2019, d’un événement similaire destiné à l’intelligence artificielle. Le train de la numérisation est enfin lancé. L’objectif, à terme, serait que les industries technologiques représentent au moins 15% du total de nos exportations.

Nous pensons que cet objectif gagnerait à figurer dans le cadre des programmes de compétitivité lancé par le Conseil d’analyse économique.