La deuxième édition d’Afric’Up a été l’occasion pour plusieurs délégations sub-sahariennes de s’inspirer de cette expérience très particulière. Et même de demander un accompagnement de la Tunisie dans l’élaboration d’une législation similaire.

Pendant Afric’Up, la Tunisie a eu droit aux éloges appuyées de plusieurs intervenants. Et pas parce qu’elle avait plutôt assez bien réussi l’organisation de cet événement. Non, le coup de chapeau au petit pays maghrébin était imputable à une initiative qu’elle avait prise une dix-huit mois plus tôt : l’adoption du Startup Act en avril 2018.

Fruit d’un long et difficile dialogue –ayant duré près de trois ans- entre l’écosystème des startups et le gouvernement, cet acte juridique accorde des avantages aux entrepreneurs –pour les encourager à lancer leurs startups-, à ces derniers –pour soutenir leur développement- et aux investisseurs –pour les inciter à y investir dans les jeunes pousses.

Un an et demi après, la Tunisie est perçue, par beaucoup d’autres pays africains, comme un exemple à suivre et même à copier en matière de promotion des startups.

«Il y a effectivement beaucoup de demande de la part de pays africains pour comprendre la dynamique et le process qui ont abouti au Startup Act. J’ai eu un workshop avec la délégation du Ghana pendant Africup», confirme Amel Saïdane, membre du Collège des startups et présidente de l’association Tunisian Startups.

Le Maroc, l’Egypte, le Nigeria, le Rwanda et bien d’autres pays ont également manifesté de l’intérêt pour l’expérience tunisienne. «Ils veulent comprendre toutes les étapes, la dynamique, les acteurs impliqués, le rôle qu’ils ont joué, les points qui ont bloqué ou retardé chaque étape, comment on avance avec l’implémentation, les résultats, etc.», témoigne notre interlocutrice.

De fait, la genèse et l’élaboration du Startup Act ont constitué une expérience très particulière. Et surtout très difficile pour ses initiateurs, les acteurs du système entrepreneurial, composé d’entrepreneurs, investisseurs, universitaires, facilitateurs, etc.

Tout a débuté sous le gouvernement Habib Essid, c’est-à-dire il y a quatre ans. Des groupes de travail ont été formés à l’initiative de Tunisian Startups, l’association portant la voix et défendant les intérêts de ces jeunes pousses.

Après l’arrivée de Youssef Chahed à La Kasbah, Tunisian Startups a mis sur pied une task force qui a travaillé sur un projet de loi –qui deviendra le Startup Act-, en étroite collaboration avec le ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique.

Une fois le draft du Startup Act prêt, il a été discuté avec les différentes parties concernées, notamment le ministère des Finances et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) afin d’identifier en amont les possibles sources de blocage et les éviter dans la mise en œuvre ultérieure de ce texte.

L’intérêt des pays africains pour cette expérience qui a fait de la Tunisie un pionnier dans ce domaine a incité le gouvernement tunisien et Tunisian Startups à agir pour capter cette demande.

Le premier a monté une task force dédiée. L’association envisage quant à elle de «packager un produit d’accompagnement aux organisations et états africains. Ce sera probablement fait en partenariat avec le ministère des Technologies de l’information et de la communication et de l’Economie numérique. Un à la manière de l’Estonie qui propose de l’accompagnement aux pays dans le domaine de l’eGov», indique Mme Saïdane.

M.M.