A l’instar d’autres corporations, les architectes sont devenus des adeptes du nouveau sport national qu’est la création d’associations. Dont certaines, comme le Syndicat national des architectes de libre exercice, nouvellement créé, viennent empiéter sur les plates-bandes de l’Ordre des architectes de Tunisie.

Plus que celle des partis politiques, dont le nombre a atteint 218 en février 2019, la création d’associations est devenue depuis le 14 janvier 2011 le sport favori des Tunisiens. En un peu plus de huit ans, il s’en serait créé près de 20.000. Les architectes tunisiens sont parmi les plus férus de ce nouveau «sport» puisque le nombre d’associations les représentant a explosé au cours des huit dernières années.

Dernière création en date, le Syndicat national des architectes de libre exercice, dirigé par Montassar Maghraoui (président), Sofiane Missaoui (vice-président) et Amir Turki (secrétaire général).

Cet organisme, dont la création a été annoncée en février 2019, a vu le jour à l’initiative d’un groupe d’architectes ayant appartenu pour la plupart à l’Ordre des architectes de Tunisie (OAT).

Cette division cellulaire au sein de la famille des architectes a en réalité commencé avant le 14 janvier 2011, mais s’est accélérée depuis.

La première structure à être créée en dehors de l’OAT est la Chambre régionale des architectes d’intérieur de Tunis. Début 2010, ce sont les architectes d’intérieur de Sfax, conduits par Khalil Fourati, qui ont emboîté le pas à leurs confrères de Tunis et se dont dotés eux aussi d’une Chambre.

Après le 14 janvier 2011, la première structure regroupant des architectes à voir le jour est l’Association tunisienne des ingénieurs et architectes paysagistes (TALAE), lancée en octobre 2013.

Conduite par Fatma Triki, cette association se donne pour mission de «faire rayonner l’architecture de paysage aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger» et se fixe plusieurs objectifs : «préserver l’honneur et la déontologie du métier, promouvoir la profession et les lois qui la régissent, défendre les intérêts moraux et matériels de la profession et des membres, appuyer et développer la collégialité, soutenir toute action visant à améliorer l’équilibre vital de la question paysagère dans l’aménagement du territoire ainsi que l’art et l’architecture des paysages et contribuer à la formation académique et professionnelle des paysagistes».

Preuve qu’elle a fait du chemin, l’Association tunisienne des ingénieurs et architectes paysagistes s’apprête à organiser le 6ème symposium de l’International Federation of Landscape Architects (ILFA, Tunis, 11-12 octobre 2019), sur le thème «Le paysage, les paysagistes et les villes durables».

En 2014, déboule dans le monde des architectes tunisiens une «Association Architectes Citoyens», créée par Ilyes Bellagha.  Ancien président de l’Ordre des architectes de Tunisie, il ambitionne de contribuer à «la promotion de l’architecture comme un agent de développement de la citoyenneté dans nos cités, en valorisant le rôle de l’architecte au sein de sa société».

En 2015, un Syndicat national des architectes tunisiens (SNAT) est créé à l’initiative d’un groupe composé d’Abdelaziz Kilani (président), Raoudha Belarbi (vice-présidente), Fadhel Harbaoui (secrétaire général), Mouna Bechr (secrétaire générale adjointe), Ines Boudabous (trésorière), vient concurrencer plus directement l’Ordre des architectes tunisiens.

La multiplication des structures d’architectes en Tunisie n’est peut-être pas finie. Car certains parmi eux rêvent de créer un ordre des architectes d’intérieur.

M.M.