A la Chambre syndicale des architectes d’intérieur en Tunisie (CSNAIT), créée en 2017, vient s’ajouter une deuxième organisation syndicale représentant cette corporation : le Conseil tunisien des architectes d’intérieur (CTAI).

Près de trois ans après avoir pris leur indépendance par rapport aux architectes, en créant en décembre 2017 la Chambre syndicale des architectes d’intérieur en Tunisie (CSNAIT), les architectes d’intérieur se donnent une deuxième représentation syndicale. Le nouveau syndicat, qui porte le nom de Conseil tunisien des architectes d’intérieur (CTAI), a été créé par un groupe de neuf architectes d’intérieur de cinq régions (Sfax, Mahdia, Sousse, Monastir et Gabès).

Sfax, qui a été, après Tunis, à l’origine d’une des premières manifestations d’indépendance des architectes d’intérieur par rapport aux architectes -qui a abouti à la création de la première Chambre, celle de Sfax en l’occurrence, en 2010-, a joué un rôle important aussi dans la création du CTAI. C’est probablement pour cette raison que ce gouvernorat du sud (Abdallah Gassara, président, et Khalil Fourati, 2ème vice-président et président de la Chambre régionale des architectes d’intérieur de Sfax) accapare, avec celui de Mahdia (Karima Kacem, secrétaire générale, et Abdelhédi Sghaier, trésorier), près de la moitié des sièges du CTAI.

Les autres membres du «bureau constitutif» sont : Manel Mabrouk (1ère vice-présidente), présidente de la Chambre régionale des architectes d’intérieur de Sousse, ex-snapchatteuse et instagrameuse, Manoubia Neji (secrétaire générale adjointe), présidente de la Chambre régionale des architectes d’intérieur de Médenine, Houcem Majdoub (trésorier adjoint), architecte d’intérieur indépendant à Monastir, Mohamed Laadhar et Mohamed Mahdi Elamin (membres).

Avant le 14 janvier 2011, le politique, l’économique, le social, le culturel, etc. étaient régentés par l’Etat. De ce fait, la vie associative était étroitement contrôlée. Aucune organisation ne pouvait être créée si ses initiateurs n’y étaient pas dûment autorisés, mais aussi si les autorités n’avaient pas la garantie de pouvoir la contrôler de l’intérieur grâce à la présence de personnalités acquises au sein des organes de direction. La guerre livrée pendant des années par le pouvoir à la Ligue tunisienne des droits de l’Homme constitue la meilleure illustration de cette politique de «containment» de la société civile.

Ce système a sauté après la chute du régime Ben Ali, libérant totalement l’initiative dans le domaine associatif. Notamment dans les secteurs de la société longtemps privés de la liberté d’entreprendre dans ce domaine.

Jusqu’alors uni, le monde des architectes a commencé rapidement à se fragmenter. La première structure indépendante -concurrente- de l’Ordre des architectes de Tunisie (OAT) voit le jour près de quarante ans après la création de celui-ci (en 1974) en octobre 2013. Il s’agit de l’Association tunisienne des ingénieurs et architectes paysagistes (TALAE). Depuis sont venus élargir le cercle des organisations d’architectes une «Association architectes citoyens», créée par Ilyès Bellagha (2014) et, l’année d’après, un Syndicat national des architectes tunisiens (SNAT) est créé à l’initiative d’un groupe mené par son président, Abdelaziz Kilani. Aujourd’hui, c’est visiblement au tour des architectes de vivre le même processus de «division cellulaire».

M.M