Après près de quatre ans de crise, est-ce la détente entre la Tunisie et les Emirats arabes unis ? Ce semble être le cas au vu de la multiplication, depuis quelques semaines, des déclarations et gestes de responsables et organismes des deux pays pouvant être décryptés comme l’expression d’une volonté d’ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays.

Le plus récent de ces actes est l’annonce, le 12 juillet 2019, par le Centre de promotion des exportations (Cepex) que la Tunisie prendra part à l’Exposition universelle Dubaï 2020 (20 octobre 2020 au 10 avril 2021) et y disposera d’un pavillon de 400 mètres carrés dédiés à des projets innovants réalisés par de jeunes créateurs tunisiens pouvant apporter des solutions à des problèmes structurels rencontrés par l’humanité.

Acte plus significatif de la volonté –émiratie cette fois-ci- de tourner la page d’un passé bilatéral très tendu, le ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, Anouar Gargash, a félicité la Tunisie début juin pour son élection comme membre non-permanent au Conseil de sécurité de l’ONU,en notant au passage le nombre de voix record qu’elle a obtenu (191 voix sur un total de 193).

Début mai 2019, c’est la compagnie aérienne low cost émiratie, Air Arabia, qui a annoncé la mise en place d’une desserte Sharjah-Tunis trois fois par semaine, à partir du 4 juillet 2019.

Toujours dans le domaine du transport aérien, le directeur général de l’Instance générale de l’aviation civile aux Emirats arabes unis (UAE), Mohamed Souidi, a effectué début avril 2019 une visite à Tunis, à l’issue de laquelle le ministère du Transport a exprimé la volonté de la Tunisie de «mettre en place un partenariat stratégique avec les Emirats arabes unis, dans le domaine de l’aviation civile et de conclure un accord-cadre pour recruter et assurer la mise à niveau des compétences tunisiennes».

Mais la volonté de détente s’est le plus clairement manifestée en début d’année lorsqu’à la mi-février 2019, Abdelkrim Zbidi, ministre de la Défense, a effectué, à l’invitation de Cheikh Mohamed Ben Rached Al-Maktoum, vice-président de l’Etat des EAU, président du Conseil des ministres, gouverneur de Dubaï et ministre de la Défense, une visite dans ce pays, à l’occasion du Salon international de défense “Idex-2019”, durant laquelle il a eu des entretiens avec une bonne partie des dirigeants du pays (Cheikh Mohamed Ben Zayed Al Nahyane, prince héritier d’Abu Dhabi et vice-commandant suprême des forces armées, le ministre d’Etat émirati des Affaires de Défense, Mohamed Ahmed El Baouardi, le général-major Hamad Mohamed Thani Al-Rumaithi, Chef d’état-major des forces armées, et le ministre conseiller aux Affaires présidentielles, Faris Al-Mazroui).

Cette visite a eu lieu moins de deux ans après l’événement qui traduit le mieux la volonté des Emirats arabes unis de réchauffer ses relations avec la Tunisie : la nomination d’un nouvel ambassadeur émirati, Rached Mohamed Jomaa Mansouri, qui est certainement le diplomate de son pays le plus apte à œuvrer à la reconstruction des relations tuniso-émiraties pour la simple et bonne raison qu’il connaît très bien la Tunisie où il avait déjà représenté son pays dix ans plus tôt.

Moncef Mahroug