“En vérité, l’homme ne vaut que par ses efforts. Ce sont eux qui plaideront pour lui au jour du Jugement dernier, et il en savourera la récompense pleine et entière”. Sourate «L’étoile», versets 39 à 41.

Aujourd’hui, notre président n’est plus. En ce 63e anniversaire de la République tunisienne, cette République dont il fut l’un des bâtisseurs, Béji Caïd Essebsi est mort.

Elu depuis cinq ans, après le vote d’une Constitution qui ne lui laissait guère d’espace pour exercer ses talents politiques dans un régime parlementaire, il l’a néanmoins, en homme de raison, respectée, et a exercé sa fonction avec droiture dans un contexte général souvent difficile, voire houleux. Pour ça, il doit être remercié.

Homme d’Etat, charismatique et enjoué, il a su tenir le cap, à l’époque de tous les dangers.

Alors qu’il était Premier ministre, il a su nous mener vers des élections sans heurts. Grâce à lui également, nous avons pu éviter la guerre civile, après l’assassinat de Mohamed Brahmi.

Autour de lui, nous sommes restés unis malgré nos divergences de vue et nos querelles partisanes. Avec lui, nous avons su conserver suffisamment de bon sens pour éviter bien des déchirements. Nous avons connu les tourmentes, et nous avons résisté.

Même son départ aura été pensé dans la discrétion et l’élégance. Alertés depuis tout un mois au sujet de sa santé décroissante, nous avons pu nous habituer à l’idée de devoir continuer sans lui.

Aujourd’hui, notre pays est resté calme et digne. Nul n’a cédé à la panique, nul n’a ressenti le vide. Les instances de l’Etat ont réagi de leur côté d’une manière honorable. L’Etat tunisien est en train de réussir un test important dans son histoire. Les prochains jours devront confirmer le comportement salutaire pour les Tunisiens et le pays. Le pouvoir reste tel qu’en lui-même, la fonction présidentielle perdure, la Tunisie reste elle-même, belle, éternelle.

Monsieur le président, c’est avec grande émotion que je vous dis ceci :
Vous avez su tirer votre révérence avec toute la classe d’un véritable Homme d’Etat et toute l’indulgence d’un père pour ses enfants, si souvent turbulents. Merci pour le dévouement dont vous avez fait preuve, merci d’avoir aimé autant que nous ce petit pays qui, si souvent, aura donné des leçons à ses pays frères.

A titre personnel, je regrette que vous n’ayez eu le temps d’inaugurer l’avenue entre Carthage et Sidi Bou Saïd qui portera bientôt le nom de mon père, Tahar Ben Ammar : j’espère que la personne amenée à vous succéder vous suppléera pour lui rendre cet honneur.

Mes chers concitoyens, je conclurais m’adresser à vous. L’heure est grave, nous n’avons pas droit à l’erreur. Le temps est à l’abnégation et au resserrement des rangs. Restons plus que jamais unis et solidaires les uns des autres. Restons calmes et fixés sur la nécessité de réussir les prochaines élections. Soyons vigilants quant aux programmes annoncés par les différents partis et candidats : qu’ils soient réalistes, réalisables, et efficaces, voilà ce que nous attendons d’eux. Et surtout, surtout, surtout, remettons-nous au travail pour redresser notre économie. Le salut de la Tunisie et des Tunisiens est là et pas ailleurs, dans cette volonté commune de construire un avenir meilleur.
Vive la Tunisie.

Chédly Ben Ammar