Les rapports successifs de la Banque centrale à propos de la conjoncture économique du pays rappellent à chaque fois les risques de la hausse des dépenses d’importations des biens sur un déficit commercial qui ne cesse de s’aggraver. Un déficit record de 14,2 milliards de dinars sur les trois trimestres 2018 contre 11,5 milliards durant la même période de 2017. «Des exportations de biens qui ont totalisé 29,5 milliards de dinars, et des dépenses d’importation qui se sont élevées à 43,7 milliards».

Ces chiffres ont interpellé le ministère du Commerce lequel aurait réagi en envoyant un courrier aux services douaniers les sommant de soumettre une liste des produits à l’importation à des cahiers de charges. Ces produits subiront un contrôle technique avant d’être écoulés sur le marché national.

Objectif : limiter les effets néfastes du volume des importations qui met à mal la balance commerciale, augmente le déficit et grève considérablement les réserves en devises du pays.

La liste touche notamment les produits agroalimentaires, à savoir les fromages, les fruits, les sucreries, le chocolat, les pattes alimentaires, les biscuits, les pâtisseries et les chips, les préparations de fruits et légumes, les jus, mais aussi les cosmétiques.

Elle concerne également le savon et produits de nettoyage, le prêt à porter, les chaussures, l’électroménager, les jeux et les téléphones mobiles. Tous ces produits cités seront soumis à la mesure 695 intégrée dans le système SINDA.

Pour rappel, au 29 novembre 2018, les réserves en devises de la Tunisie ne dépassent pas les 77 jours, ce qui est de loin inférieur à la moyenne des 90/100 jours attendus dans un pays qui mène tout son commerce extérieur avec des devises étrangères, soit trois mois d’importations/exportations.

Ainsi, face à la détérioration des conditions économiques des Tunisiens, à la dévaluation du dinar, à l’incapacité des services concernés de contrôler les prix et de maîtriser une inflation galopante, les décideurs semblent avoir identifié les mesures supplémentaires pour rationaliser les importations des produits de consommation courante et préserver les réserves de change en attendant les réformes structurelles pour repositionner une économie en berne.

Précisons que la BCT suit ces dernières années une approche prudente dans ses interventions sur le marché monétaire, ce qui limite son champ d’action pour défendre le dinar et sa valeur. Son souci étant en premier lieu de défendre ses réserves en devises, sa première préoccupation aujourd’hui. Elle essaye par ailleurs de maintenir la confiance dans la politique monétaire et de change et de limiter la vulnérabilité externe en maintenant difficilement les réserves liquides de change.

A.B.A