«Pourquoi ce guide et à quoi sert-il ? Deux questions que chaque lecteur averti ne manquera pas de se poser et dont la réponse va déterminer le niveau d’intérêt qu’il portera à ce document».

C’est ce qu’on lit dans l’avant-propos du Guide du gestionnaire public, signé par Kamel Ayadi, président du HCCAF) et qui sera lancé jeudi 29 novembre lors d’une rencontre à la Maison de la culture.

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«Bien évidemment, ce guide n’a pas l’intention de rajouter un ouvrage supplémentaire à la littérature sur le sujet de la gouvernance, déjà riche en rapports, documents et livres. Il n’a pas non plus l’ambition de conceptualiser vainement sur cette thématique, et encore moins de proposer des modèles de stratégies déconnectées du contexte de l’entreprise publique tunisienne», explique M. Ayadi.

Au contraire, souligne-t-il, le présent guide propose des démarches simples imprégnées de la réalité, faciles à assimiler et à mettre en œuvre dans le management de nos entreprises publiques, car elles s’appuient fondamentalement sur l’analyse des pratiques réussies en Tunisie et ailleurs.

Son ambition est de fournir aux dirigeants des entreprises et établissements publics un outil de travail novateur qui propose des solutions à des problèmes vécus, notamment dans le domaine du déploiement des fonctions et structures dédiées à la gouvernance, poursuit Kamel Ayadi. «Il s’agit du contrôle de gestion, de l’audit interne, du management des risques, de la conformité et des cellules de gouvernance au sein de l’entreprise. Avec l’identification des synergies potentielles et réelles entre ces fonctions et structures pour éviter les conflits de compétences et favoriser les complémentarités et les interactions positives créatrices de valeurs».

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Le guide consacre également une section entière aux règles et bonnes pratiques dans les marchés publics en capitalisant sur l’expérience de la Haute instance de la commande publique (Comité de suivi et d’enquête), de même qu’il suggère des éléments de vision aux chefs d’entreprise et établissements publics soucieux de renforcer le système de gouvernance des ressources humaines.

Il propose aussi des démarches simples afin d’aider les gestionnaires à mieux appréhender les évolutions législatives récentes qui requièrent de la part des entreprises un effort supplémentaire de conformité. C’est le cas des conflits d’intérêts qui est traité par une section avec une démarche pratique.

Enfin, ce document initie les entreprises aux concepts émergents, telles que la responsabilité sociétale ou la gouvernance stratégique, et propose des démarches à même d’aider les entreprises à développer une vision prospective sur les nouvelles exigences en matière de bonne gouvernance, dans ses dimensions à la fois sociétale et stratégique.

Il est vrai que le cadre juridique régissant la gouvernance en Tunisie s’est considérablement enrichi pendant les dernières années par de nouveaux textes de lois, de nouveaux règlements visant le renforcement des fondements de la gouvernance, et la consécration des principes constitutionnels de transparence, d’intégrité, et de redevabilité. Cependant, force est de constater que cet effort louable au niveau de la conception d’un cadre législatif approprié et de politiques générales prometteuses restera incomplet et ne produira pas les changements souhaités tant qu’il n’est pas assorti d’un effort de déclinaison des politiques nationales en stratégies et actions au niveau sectoriel.

Le gap entre la gouvernance telle qu’elle se profile dans les textes et dans les politiques publiques et la gouvernance réelle se creuse davantage, ce qui, à terme, risque de décrédibiliser les véritables intentions des décideurs. L’effort d’intégration des politiques nationales à l’échelle sectorielle nécessite un accompagnement des entreprises et des outils, comme ce guide, et ce en vue de renforcer les capacités de ces dernières à relayer efficacement les choix nationaux et de les décliner en stratégies d’entreprise, pense le président du HCCAF.

Il s’agit bien d’un défi d’ordre national auquel le HCCAF (Haut comité de contrôle administratif et financier) entend apporter une pierre à l’édifice. Cette ambition, fort légitime, s’inscrit dans le droit fil des missions dont il est investi de par la loi et qui consiste à soutenir et à privilégier la dimension préventive dans la lutte contre la corruption, mais également dans la volonté du HCCAF à mettre à la disposition des entreprises  publiques des leviers leur permettant d’être plus efficientes et performantes, assure-t-il.

«Le Haut comité est fier d’avoir réussi à mobiliser des ressources humaines supplémentaires, en plus de ses ressources, parmi les experts volontaires et militants de la société civile qui croient en cette noble mission. Ce guide n’aurait pas vu le jour sans l’effort collectif et agissant de volontaires».

Pour finir, M. Ayadi n’a pas manqué de remercier ces “experts volontaires et militants… pour leur apport précieux”. «… Je tiens également à remercier notre partenaire Friedrich Ebert qui a accepté de soutenir financièrement la production et la diffusion de ce document».

La prochaine phase de diffusion du contenu est encore chargée de défis. Nous privilégierons dans cette phase la diffusion interactive à travers des workshops de formation, dit-il.