A défaut de grosses capitalisations à même d’améliorer la visibilité de la Bourse de Tunis et d’attirer de riches investisseurs étrangers, le Marché financier tunisien lequel, en dépit d’un bon cru en 2018, a connu de sérieuses difficultés au cours du même exercice, a décidé de compter sur lui-même et d’entreprendre quelques réformes aux fins de doper l’attractivité du marché et de favoriser de nouvelles introductions.

Gros plan sur deux importantes réformes.

La première réforme concerne la modernisation du cadre légal et réglementaire régissant le marché financier tunisien. Objectif de cette réforme, en cours de réalisation avec l’assistance technique de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) : faire de la Bourse un pilier du financement de l’économie nationale et répondre aux besoins de financement de l’investissement privé et public.

Diversifier l’offre de la Bourse de Tunis

Avec cette réforme, dont les grandes lignes seront esquissées durant l’année 2019, on va savoir comment le marché financier va se libérer pour pouvoir jouer pleinement son rôle dans le financement de l’économie et de captation de l’épargne longue et de sa transformation en investissement productif.

Expliquant aux médias les motifs de cette réforme, Bilel Sahnoun, directeur général de la Bourse de Tunis, estime que la loi qui régit ce marché remonte à 1994. Elle a pris quelques rides et donc n’est plus adaptée à l’évolution de l’industrie financière, non pas en termes de technologies mais en termes de diversification de produits et d’autonome d’initiative.

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Concrètement, la Bourse a besoin, aujourd’hui, de plus de liberté de décision et de diversification de son offre. Il s’agit entre autres de lancer de nouveaux produits dérivés, à l’instar des options, la vente à découvert, le prêt/emprunt du titre.

Un marché alternatif souple adapté aux besoins des PME

La deuxième réforme en gestation concerne la création, par le Marché financier, d’un compartiment alternatif. Ce compartiment, dont les textes réglementaires sont fin prêts, sera lancé parallèlement aux marchés principal et secondaire, à la seule condition de bénéficier d’un avantage fiscal.

Cet avantage fiscal, actuellement en cours de négociation avec le ministère des Finances, pourrait être consigné dans un fonds spécial dédié à ce marché alternatif.

Dans les détails, en vertu de ce mécanisme dédié aux investisseurs dits «avertis», toute société qui gagne de l’argent, moyennant un avantage fiscal à instituer, peut aider à la recapitalisation des petites et moyennes entreprises (PME) qui représentent 95% du tissu économique national.

Ce mécanisme, qui consiste à préparer, à accompagner et à aider 120 sociétés tunisiennes à accéder au marché des capitaux, permettra aux éventuels investisseurs de lever des fonds de un (1) ou de deux (2) millions de dinars et de jouir de taux de rendements équivalant au moins à 20% contre 12% de rendement bancaire.

Ils peuvent également bénéficier de procédures simplifiées au maximum (prospectus simples) pour accéder à ce marché au bout de deux mois contre 9 mois pour le marché principal.

Dans ses déclarations aux médias, Mourad Ben Chaabane, président du Marche financier, a constamment évoqué l’appui financier qu’apporte le Royaume-Uni à ce compartiment.

En accompagnement de ce programme, les Britanniques ont mis à la disposition du marché financier et de la Bourse un don de 10 millions de dinars destiné à la mise en place de ce mécanisme. Les Anglais se sont engagés à augmenter ce montant en cas de besoin.

La Banque africaine de développement (BAD) contribuera au niveau technique à la mise en place de ce programme qui vise à favoriser le développement des PME et améliorer, rappelons-le, leur accès à des financements hors circuit bancaire.

La visibilité de la Bourse de Tunis sur la bonne voie

En somme, nous pouvons avancer que la réforme du marché financier et la mise en place du Marché alternatif seraient à même d’améliorer la visibilité de la Bourse de Tunis, qui vient d’être intronisée membre à part entière au sein de la Fédération internationale des Bourses dont le siège est à Londres.

L’avantage de cette intronisation ne manquera pas de contribuer à l’amélioration de l’attractivité de la Bourse de Tunis d’autant plus qu’elle va lui permettre de profiter des échanges avec d’autres places financières.