“J’ai voulu un film qui traite des relations humaines, de la paternité, de l’acceptation de l’autre à travers l’histoire d’un enfant autiste et de son père” a déclaré le réalisateur Nejib Belkhadi, lors de la projection presse de son film “Regarde-moi”, au CinéMadart à Carthage.

Ayant fuit ses responsabilités de père quand son enfant a été diagnostiqué autiste, Lotfi (Nidhal Saadi) retourne à Tunis après 7 ans d’absence, et commence sa quête de reconnaissance et d’acceptation par son enfant Youssef (Idryss Kharroubi).

“Youssef ! Regarde-moi quand je te parle” … “Regarde-moi ! Pourquoi tu ne me regardes pas dans les yeux?”…le dialogue sourd d’un père en quête d’une reconnaissance visuelle d’un enfant différent. Entre construction et déconstruction, les liens de communications entre le père et son fils se tissent au fil de la fiction d’une manière difficile et ardue.

L’originalité du film réside dans le traitement du sujet de la paternité dans une société où le rôle du père se trouve souvent marginalisé. A travers le personnage de Lotfi et sa relation avec son enfant autiste, Nejib Belkhadi pointe d’une manière poétique et profonde la complexité du sentiment paternel dans la société tunisienne.

La reconnaissance visuelle du père est aussi, un moyen pour le réalisateur de rendre hommage à l’image comme moyen de communication et de dialogue. L’image pour enregistrer des instants en famille, l’image pour fixer le temps mais aussi, l’image pour exprimer son affection quand le corps et les mots se trouvent dans l’incapacité de jouer leur fonction communicative.

Pendant 1h30, le spectateur se laisse embarquer dans le tourbillon affectif du père tunisien joué avec beaucoup de justesse par Nidhal Saadi. Du refus d’accepter la différence de son enfant vers la prise de conscience de la complexité du sentiment paternel, “Il y a un lien qui se tisse entre nous”… “Je suis devenu différent”, Néjib Belkhadi livre une ode à la paternité en adoptant une réalisation toute en retenue pour accompagner la transformation psychologique du personnage principal et l’apprentissage de son rôle du père en suivant son instinct au-delà du dogme des codes sociétaux.

L’idée du film est venu en 2014 quand j’ai regardé une série de photos signée par le photographe américain, Timothy Archibald, de son fils autiste, a expliqué Belkhadi , précisant que l’écriture du scénario a nécessité plusieurs années de documentation au sein des centres spécialisés ou encore auprès des familles et des enfants autistes, afin de mieux comprendre le fonctionnement de ces enfants différents.

“Lors de ce travail de documentation, j’ai remarqué que les mères sont souvent les plus impliquées dans l’accompagnement des enfants et que 50% des pères tunisiens fuient leur responsabilité ou divorcent à la suite de la révélation du diagnostic ” a-t-il encore, mentionné.

Sélectionné dans la compétition officielle des JCC 2018 qui se tiendra du 3 au 10 novembre 2018, “Regarde-moi” de Nejib Belkhadi produit par “Propaganda production”, réunit dans son casting Nidhal Saadi, Idryss Kharroubi, Sawsen Maalej, Aziz Jebali et Anne Paris.

“Regarde-moi” sera projeté dans nos salles de cinéma à partir du 11 novembre 2018.