La Tunisie est pays de paradoxes. En effet, le nombre d’emplois vacants s’élèverait 107.465 postes en Tunisie en 2018, mais en même temps, le pays compte, officieusement, quelque 638.000 chômeurs. C’est en tout cas ce qu’indiquent les résultats du Rapport national sur l’emploi élaboré par l’IACE (Institut arabe des chefs d’entreprise) et la Fondation Friedrich-Naumann pour la Liberté.

D’après l’INS, le taux de chômage enregistré au plan national pour le deuxième trimestre 2018 est de 15,4%.

Ce constat montre une grave distorsion du marché du travail et un problème de formation et de compétence des jeunes qui veulent accéder à un premier travail.

Le rapport publié fin septembre par l’IACE est basé sur un échantillon de 1.000 entreprises tunisiennes (tous secteurs confondus), employant 20 personnes et plus. Il a pour objectif d’analyser le marché du travail tunisien, à travers la demande du travail du côté des entreprises et l’offre de travail du côté de 13.500 diplômés du supérieur, ayant obtenu leur licence pour la période allant de 2011 à 2017.

Les postes vacants actuels sont répartis entre les secteurs des industries de textile, habillement, cuir et chaussure (26.596 postes), le commerce (10.463), les industries alimentaires et de boissons (9.088), les activités de services administratifs et de soutien (8.960) et la fabrication de produits informatiques, électroniques et d’équipements électriques (8.838).

Les gouvernorats de Tunis (30.124), Sousse (21.281), Bizerte (14.509), Ariana (7.875), Kairouan (7.107), Sfax (5.910), Monastir (5.637), Jendouba (5.004) arrivent en tête de peloton en termes des postes vacants, tandis que les gouvernorats de Tataouine (138), Médenine (59), Gabès (18), Siliana (16) et Kébili (11) arrivent aux derniers rangs du classement.

La moyenne nationale d’attente pour une première insertion dans le marché de l’emploi est de 31,4 mois, alors que 86,2% d’insertion des diplômés est réalisée entre 1 et 4 ans.

Concernant les délais d’attente par profession, avant d’obtenir un emploi, les ouvriers non qualifiés du bâtiment, des travaux publics, du béton et de l’extraction attendent 58 mois; les employés et agents de maîtrise de la restauration, 56 mois; les médecins et assimilés, 21 mois; le personnel des services de protection et de sécurité, 20 mois; les ouvriers non qualifiés de la manutention, 20 mois; les attachés commerciaux, représentants et technico-commerciaux, 19 mois…

Mieux lotis, les techniciens en TIC attendent 10 mois pour avoir un emploi, les directeurs et cadres de direction, production et services spécialisés (8 mois), les ouvriers qualifiés du textile et du cuir (5 mois) et les ingénieurs en TIC (3 mois).

Le rapport a toutefois mis l’accent sur les postes susceptibles d’être détruits dans les deux prochaines années, à savoir les cadres de direction (15.311 postes), les attachés commerciaux, représentants et technico-commerciaux (10.462 postes), les ingénieurs en TIC (10.184 postes), les employés administratifs, comptables et financiers (2.742 emplois) et les professions intermédiaires des services juridiques, des services sociaux et assimilés (1.504 postes)…

S’agissant des diplômés, ils décrochent leur premier travail par voie de concours (23%), via les parents et les amis (21%), les plateformes d’emploi (13%), les annonces (11%), les cabinets de recrutement (8%), la candidature spontanée (7%), le Bureau de l’emploi (7%), autres moyens (5%) et l’institution de formation (1%).

Les diplômés recherchent l’emploi généralement via les réseaux sociaux (17%), les plateformes d’emploi (15%), les annonces (15%), les bureaux d’emploi (14%) et les voies de concours (12%)…