Les SSII et sociétés de services et intégrateurs ne demandent à ce gouvernement ni politique, ni subventions, ni aides, ni effort commercial et encore moins une vision.

Le secteur des TIC, qui réalise 11% du PIB en 2018, comme l’a écrit il y a quelques, mérite une petite attention du gouvernement Chahed. Il n’a besoin ni de texte de lois ni d’approbation par l’Assemblée des représentants du peuple, et encore moins de crédits ou de budget.

«Pour nous aider à exporter, on a UNE SEULE DEMANDE à faire au gouvernement : la suppression pure et simple des visas pour tous les Africains, et ce pour bénéficier de la réciprocité de leur part», nous dit un opérateur dans le secteur des TIC.

En effet, plusieurs pays africains ont fait une levée partielle de l’exigence de visas d’entrée totale sur leur territoire, dont le Maroc, le Rwanda et ou le Bénin, ce qui a eu pour effet immédiat de faciliter la circulation des biens et des personnes.

Le Rwanda a multiplié par 10 le nombre de touristes et visiteurs rien que par la levée des visas. Ce n’est un secret pour personne, si le nombre de touristes algériens et Libyens est élevé en Tunisie, c’est en grande partie grâce à l’inexistence de visa d’entrée en Tunisie.

Mais ne l’oublions pas, la Tunisie est un pays exportateur de services, entre autres l’enseignement supérieur, les services de santé, les études, la formation et les logiciels, sans oublier le tourisme. Alors pourquoi exiger des visas d’entrée pour des pays qui n’ont aucun contentieux sécuritaire ou de problèmes comme le Togo, le Ghana, l’Afrique du Sud ou le Nigeria ?

Rappelons au passage que les pays du Sahel où il existe un réel problème lié aux groupes de Daech, comme le Niger, le Mali, l’Algérie, la Libye ou la Mauritanie –et un peu moins la Guinée-Conakry- sont dispensés de visas.

La politique des visas de la Tunisie est illogique et ne se fonde sur aucun élément pragmatique ou sécuritaire tangible, regrette un autre professionnel. Un pays qui exige des Chinois un visa est un pays hors du temps et ne comprend rien à l’économie en se privant des habitants de la première puissance mondiale qu’est la Chine.

On peut aller plus loin et dire que la politique des visas coûte très cher aux entreprises tunisiennes et aux hommes d’affaires souhaitant se déplacer en Afrique, En effet, si la Tunisie monnaye son visa contre le payement de 30 dinars -soit environ 8 euros, il faut savoir que le coût des visas d’entrée en Afrique est nettement plus élevé : 30 euros pour le Togo, 650 dinars pour la RD Congo, 450 dinars pour Congo-Brazzaville, 520 dinars pour le Cameroun… et ce pour une seule entrée.

Et ce n’est pas tout. Avez-vous une idée des documents exigés pour avoir un visa pour la RD Congo par exemple ?

Les voici :

  • Bulletin N3 avec traduction assermentée en français
  • Photos
  • Les 3 derniers bulletins de salaire
  • Attestation d’emploi
  • Lettre de mission
  • Engagement de prise en charge d’un partenaire en RDC (qui doit s’acquitter d(un droit de timbre de 100 dollars américains)
  • Réservation d’hôtel
  • Billet d’avion
  • Frais de 650 DT.

Pourquoi cette complexité ? Parce que la Tunisie impose elle aussi un visa assez rigoureux pour les Congolais désirant voyager dans notre pays. Toute cette politique constitue une entrave au commerce/business, aux voyages et rend donc l’exportation des services plus difficile.

Notre Premier ministre, Youssef Chahed, a-t-il de l’audace et le courage politique de décréter un moratoire d’une année pour suspendre les visas à titre d’essai ?

Pour ce faire, il n’aura besoin ni de passer par l’Assemblée, ni d’avoir le consentement du président de la République. En un mot, ni de ceci ni de cela.

Dans ce cadre, un professionnel estime qu’il faut rendre hommage à l’ancien président provisoire, Moncef Marzouki, qui avait eu le courage de supprimer les visas pour les Béninois et les Gabonais, mais avait également visité trois pays d’Afrique subsaharienne, le Mali , le Niger et le Tchad.

TB