La Tunisie, celle que l’on décrivait comme le “petit dragon de l’Afrique“ dans les années 2000, ce pays qui était classé premier exportateur industriel du continent africain hors énergie, est aujourd’hui la dernière de la classe, complot soulèvement du Jasmin oblige !

Sur le rapport Africa125 du troisième trimestre 2018, la Tunisie est presque inexistante dans le paysage économique africain et ce malgré ses récentes adhésions à la Zone de libre-économique continentale (ZLEC) et au Marché commun des Etats d’Afrique de l’Est et Australe (COMESA).

Notre diplomatie économique tâtonne non par manque de bonne volonté mais par manque de moyens et de volonté politique en haut de la pyramide gouvernementale.

Khemaies Jhinnaoui, le ministre des Affaires étrangères, fait ce qu’il peut, mais la conquête de l’Afrique demeure une tâche ardue si l’on n’y consacre pas aussi bien des moyens matériels qu’humains.

La Tunisie ne figurait même pas parmi les 10 premiers exportateurs interafricains en 2017. Quant à ses notations, eh bien elle arrive en 26ème position, loin derrière l’Egypte, le Maroc, le Mozambique, la Namibie et juste après le Swaziland.

La Tunisie n’a pas figuré parmi les 17 pays africains qui ont vu leurs notations souveraines confirmées ou changées. «Depuis mars dernier, 17 pays africains ont vu leurs notations souveraines confirmées ou changées. Le Bénin a obtenu la notation B+ par S&P. Neuf pays ont été confirmés avec leurs notes attribuées précédemment (Afrique du Sud, Botswana, Congo, Maurice, Maroc, Mozambique, Nigeria, Rwanda et Ouganda). S&P a augmenté la note de l’Egypte de B- à B, tandis que Moody’s a abaissé la note de l’Angola de B2 à B3, celle du Gabon de B3 à Caa1 et celle du Kenya de B1 à B2, et a augmenté la note de la Côte d’Ivoire de B3 à Ba3.

Par ailleurs, la perspective de notation du Cameroun est passée de stable à négative, tandis que celle du Sénégal est revue à la hausse, de stable à positive.

La croissance est repartie à la hausse sur presque dans tout le continent, mais notre Tunisie, elle, reste au point mort.

En avril dernier, Omar El Behi, le ministre du Commerce, déclarait : «La Tunisie a pour but de doubler ses exportations en Afrique de 3 milliards de dinars à 6 milliards de dinars d’ici 2020».

Le vœu serait-il pieux ? Et de quelles exportations parle monsieur le ministre ? De celles des services ? Parce que depuis 2011, tout a été fait pour que l’industrie nationale soit détruite ! En Afrique, estime la BAD, «les conditions économiques actuelles constituent un atout qui ancre le continent dans la création de valeur industrielle mondiale. Cependant, la désindustrialisation des années 1970 et 1980 ne s’est pas inversée, et les indicateurs clés du développement industriel hors matières premières ne progressent pas suffisamment, démontrant un faible taux de transformation».

La désindustrialisation de la Tunisie, elle, a commencé en 2011 lorsque les parachutés «politiques» sont arrivés avec leurs «grandes idées» et leurs petites cervelles intéressées, affairistes et opportunistes ! Les crises dans les secteurs industriels et de l’exportation se sont succédée, sans oublier le malheureux rôle de certains syndicalistes dans la mise à genoux de nombre de nos entreprises ; entreprises qui ont fini ou bien par délocaliser leurs usines ou par les fermer.

Le nombre d’usines de cuir et chaussures à Sfax en témoigne. Elles ont été transformées en dépôt pour les produits turcs et chinois. Pire, la Turquie concurrence aujourd’hui nos entreprises dans le secteur du BTP. C’est Kafkaïen mais c’est ainsi.

A quand le véritable sursaut des opérateurs et des véritables patriotes pour que la Tunisie arrête d’être le protectorat des islamistes et de leurs alliés et reprenne le flambeau de leader africain ?

Amel Belhadj Ali