Dans une interview accordée au magazine “Entreprises“, Mondher Ben Ayed, président-directeur de TMI, assure que «l’Afrique est un fabuleux gisement de croissance pour nous», entendre par “nous“ TMI, en particulier, et la Tunisie en général.

Explication.

Tout d’abord, M. Ben Ayed souligne que TMI est devenue, au fil des années, «… un acteur majeur dont l’activité est basée sur l’export, et notre modèle d’affaires est façonné autour du concept de spécialisation».

«TMI est une entreprise dont l’activité gravite autour des infrastructures en recourant à des produits que nous ne fabriquons pas», ajoute le pdg de TMI. Toutefois, la Tunisie peut apporter une réelle valeur ajoutée intrinsèque aux produits et services, en termes de ressources humaines. Car, «un produit tout seul ne constitue pas une solution», solution qui ne peut en être une que si on associe au produit un service et des ressources humaines. «C’est dans ce cadre que la valeur ajoutée tunisienne relève de l’évidence», selon lui.

Et quand on lui demande d’expliquer, M. Ben Ayed souligne en substance que ce qui distingue la Tunisie des autres pays africains, c’est les ressources humaines.

La Tunisie possède de ressources compétentes…

Et le patron de TMI de rappeler que la Tunisie, avec une population de 11 millions d’habitants, produit et forme annuellement 10.000 ingénieurs et techniciens, soit le même nombre d’ingénieur que produit l’Egypte qui compte pourtant plus de 110 millions d’habitants; 3.000 pour le Maroc, peuplé de 40 millions d’âmes.

De ce fait, Mondher Ben Ayed estime que ce vivier est une formidable arme d’exportation pour la Tunisie vers les pays d’Afrique subsaharienne.

Au passage, il donne quelques exemples de pays africains qui souffrent d’un déficit chronique en ingénieurs, entre autres le Mali, le Tchad, le Niger, la Mauritanie, etc.

A une question sur la concurrence des autres pays qui convoitent l’Afrique au même titre que la Tunisie, M. Ben Ayed souligne que «nous sommes bien positionnés pour absorber les marchés africains, mais les gens et les clients demandent souvent des solutions clés en main».

Dans cet ordre d’idées, le pdg de TMI affirme également que la plupart des pays africains ne possèdent pas de solutions dédiées et intégrées pour la gestion postale, la gestion des impôts et la gestion de l’ensemble des services publics.

Cependant, pour réussir efficacement sur le marché africain, il conseille aux SSII tunisiennes de «mobiliser des SSII de taille critique avec une force de frappe de 1.000 à 1.500 ingénieurs. C’est le point fort des Européens».

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Eviter les démarches en solo!

Comme solution, Mondher Ben Ayed suggère la création «de consortiums ou de groupements d’intérêt qui permettent d’associer des acteurs spécialisés et des SSII». Il cite le cas de Netcom (pour la partie réseaux), Arab Soft (pour la gestion des comptes), SIGA (pour les applications de gestion des caisses sociales) dans certains pays africains. «Nous avons donc créé un écosystème et une association ad hoc basée sur l’entente et les synergies avec toujours un seul chef de fil. Ce modèle a donné lieu à des très belles réussites et a profité à ses adhérents», affirme-t-il.

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Mondher Ben Ayed révèle, dans ce cadre, que «nous cherchons à agrandir ces MOU et à élargir notre business en impliquant de grosses structures tel un opérateur télécoms, par exemple, qui apporte des moyens de grande envergure comme ses RH et sa capitalisation…».

Toujours dans la même optique, il indique que TMI, en association avec Arab Soft, réalise actuellement une application pour le compte de la Direction des impôts au Niger. TMI a également signé, en partenariat avec SIGA, un beau projet IT au Tchad et un autre en Côte d’Ivoire dans le domaine spécifique des caisses sociales.

Tout ceci montre la justesse de la stratégie de TMI de miser sur le marché africain en matière de IT. Et comme a souligné M. Ben Ayed, grâce à ses ressources humaines, conjuguées à la volonté de plusieurs pays africains de se doter d’outils informatiques modernes, la Tunisie semble avoir une belle carte à jouer en Afrique subsaharienne, et ce en dépit de certaines tracasseries de notre administration.

Pour ce faire, il faut bien retenir une importante recommandation du PDG de TMI: pas de démarches ou actions solitaires, autrement dit, il faut se regrouper pour aller sur les marchés d’Afrique subsaharienne.

Tallal BAHOURY