Réalisation en retard sur le calendrier, travaux à l’arrêt et un endettement qui s’accumule. Dix ans après son lancement, le projet de Marina Bizerte suscite interrogations et inquiétudes quant à son avenir.

Jeudi 31 mai 2018, une réunion de crise s’est tenue au siège du ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Y ont pris part les représentants des différents ministères (Tourisme, Finances, Domaine de l’Etat et Environnement), et organismes étatiques (Agence de protection et de l’aménagement du littoral et Unité de suivi des concessions à la présidence du gouvernement) concernés par ce dossier, ainsi que les dirigeants de “Bizerte Cap 3000“, la société promotrice de Marina Bizerte.

A l’ordre du jour, l’état des lieux du projet et ses perspectives. Car, dix ans après son lancement, ce mégaprojet suscite des interrogations, voire des inquiétudes quant à son achèvement et son entrée en service.

Pourtant, le 28 mai 2016, soit il y a deux ans –presque- jour pour jour, Salma Rekik Elloumi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, avait officiellement inauguré Marina Bizerte. Ce qui donnait à penser, alors, que la construction de toutes les composantes de ce projet avait été –ou était sur le point- d’être achevée, et qu’on n’allait pas tarder à commencer à voir les yachts venir prendre possession d’un anneau –Marina Bizerte en compte 800- qu’ils ont tant de mal à trouver de l’autre côté de la Méditerranée.

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Arrivée aux commandes de Bizerte Cap 3000 à ce moment-là, la nouvelle présidente directrice générale, Neïla Jedidi épouse Hafsia, était justement supposée mener ce chantier à son terme. Deux ans après, on en est très loin.

Non seulement les deux composantes principales de la Marina –le port et la résidence- sont incomplètes, mais la croisette n’a pas encore été réalisée et le chantier naval semble avoir été abandonné. Et le comble est que le projet est aujourd’hui à l’arrêt. Car les banques ont fermé le robinet et les actionnaires sont incapables d’injecter les 200 millions de dinars supplémentaires nécessaires –en plus des 100 déjà investis- pour achever les travaux entamés en 2008. C’est pour cette raison qu’ils se sont mis à la recherche d’un partenaire stratégique qui accepterait d’apporter de l’argent frais en entrant au capital.

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Pour l’instant, il y a seul sur les rangs, Grupo Marinedi. Mais l’accord que cet opérateur italien qui gère un réseau de 20 marinas ne porte que sur un accord de concession de gestion d’une durée de 22 ans avec une option de 20 ans supplémentaires.

S’ils ne se sont pas encore prononcés officiellement à ce sujet, les responsables du ministère du Tourisme et de l’Artisanat ne cachent pas le malaise que leur inspire cet accord. Ils l’ont clairement dit lors de la réunion du 31 mai et ont demandé aux dirigeants de Bizerte Cap 3000 des éclairements et un supplément d’informations pour être en mesure de se prononcer à ce sujet.

Ce n’est pas le seul problème que Marina Bizerte pose aux autorités. Un second est le dépassement des délais de réalisation du projet. Le permis de bâtir en 2009 délivré en 2009 les avait fixés à 22 mois. Elles ont beau multiplier les appels à la direction générale pour un échéancier clair et définitif pour l’achèvement des travaux, celle-ci ne l’a pas fourni à ce jour.

Fondées, pour toutes ces raisons, à retirer la concession à Bizerte Cap 3000, les autorités n’ont pas voulu sauter le pas à ce jour. Toutefois, il n’est pas garanti que le probable futur maire de Bizerte, Kamel Ben Amara (Ennahdha), très critique par le passé à l’égard du projet de Marina Bizerte, se montre aussi compréhensif s’il devait accéder à la présidence de la mairie.

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