En matière de logistique, talon d’Achille de l’économie tunisienne, plusieurs initiatives sont entreprises pour rattraper le retard qu’accuse la Tunisie dans ce domaine.

La dernière initiative en date consiste en l’élaboration, par le ministère du Transport, d’un projet de loi régissant l’aménagement et l’exploitation des zones logistiques en partenariat entre les secteurs public et privé.

Il s’agit d’une initiative à saluer en ce sens où l’encadrement juridique de cette activité garantit sa visibilité et son efficience (célérité et coûts) et favorise l’amélioration de la compétitivité des entreprises tunisiennes et le développement des exportations et des investissements.

Dans cette perspective, le projet de loi, qui prévoit des incitations complémentaires à celles prévues par la loi sur l’investissement,  devrait contribuer à l’optimisation des opérations du transport (multimodal), du stockage et des délais de livraison des marchandises, outre l’attraction de nouveaux types d’investissements.

Dans cette optique, le lancement d’un appel d’offres pour la réalisation du port en eaux profondes d’Enfidha et pour l’extension du port commercial de Radès (quais 8 et 9) ne manquera pas d’avoir un effet d’annonce positif sur la visibilité de la logistique portuaire dans le pays.

Un retard immense

Pour mémoire, la Tunisie accuse beaucoup de retard dans le domaine de la logistique, alors que, paradoxalement, elle dispose d’importants atouts pour jouer un rôle de premier plan à moyen et long terme.

A titre indicatif et concernant la logistique portuaire, Pierre Hery, président de la Commission transports et logistiques à la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CFTCI) et directeur général du groupe CMA-CGM, un des leaders mondiaux du transport maritime par conteneurs, a estimé à 1,6% du PIB tunisien le coût des staries ou de la congestion chronique du port de Radès.

Le patronat crie son ras-le-bol et estime que la Tunisie perd, chaque année, plus d’un milliard de dinars (1,2 milliard de dinars selon Samir Majoul, président de l’UTICA) à cause de la longue attente des navires qui accostent au port de Radès.

La responsabilité de ces staries appelées aussi “jours de planche” est imputée le plus souvent à l’entreprsie publique, la Société tunisienne d’acconage et de Manutention (STAM).

Interpellé sur cette question, Radhouane Ayara, ministre du Transport, pense que «le problème n’est le port de Rades en lui-même, mais la gestion de ce port et des services qui y sont rendus par l’entreprsie publique (STAM) qui n’avance peut-être pas au niveau voulu par les sociétés d’import-export. La STAM fait certes son travail, mais pas avec la célérité requise».

Vivement une agence nationale pour la promotion de la logistique

Par delà ce projet de loi et cette prise de conscience au plus haut niveau des enjeux de la logistique, le moment est venu pour que le gouvernement mette le paquet, développe en priorité la logistique du pays et arrête, à cette fin, une stratégie cohérente qui transcende un simple projet de loi.

Dans ce contexte, il gagnerait à réactiver, au plan insitutitionnel, deux recommandations émises depuis 2014. Il s’agit de la création de deux structures : une Agence de promotion de la logistique et un Observatoire national de la logistique. Ces structures de pilotage privées-publiques seront chargées de mobiliser les acteurs, de superviser la mise en œuvre des projets logistiques et, surtout, de mesurer les résultats et d’en évaluer l’impact sur l’économie.

Et pour ne pas oublier, l’essentiel, selon des benchmarking concordants de bureaux d’études internationaux, la Tunisie conserve, malgré tout l’arsenal de handicaps et de contreperformances précité, un avantage compétitif par rapport aux concurrents asiatiques. En effet, un conteneur effectuant le trajet Shanghai (Chine)-Anvers (Belgique) coûte environ 1.300 euros contre seulement 300 à 400 euros Radès-Anvers. Le message est des plus clair pour les gouvernants.