Dans le cadre de l’enquête d’ARIJ (Reporters arabes pour le journalisme d’investigation) sur l’affaire de la “laverie Russe”, l’agence TAP avait rapporté les conclusions d’un rapport de la CTAF (Commission tunisienne des analyses financières) datant d’avril 2017, et qui soulignait clairement le niveau d’exposition élevé du secteur bancaire tunisien.

La CTAF avait recommandé le renforcement des ressources humaines chargées du contrôle, la formation dans ce domaine et l’acquisition des moyens et logiciels adéquats pour faire face à ces risques

La Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), relevant de la Banque centrale de Tunisie (BCT), avait déjà reconnu, dans son rapport publié en avril 2017, que le risque de blanchiment d’argent est “relativement élevé” et que la place bancaire tunisienne est attractive à ce genre d’opérations illicites.

Le rapport de la CTAF a déjà reconnu “les grands risques” auxquels le secteur bancaire tunisien est exposé en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, ce qui nécessite le renforcement de leurs ressources humaines chargées du contrôle de la conformité, la conception de programmes de formation dans ce domaine et l’acquisition des moyens et logiciels adéquats pour faire face à ces risques.

460 dossiers de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme ont été soumis à la justice

Il montre que la scène bancaire peut être exploitée par les blanchisseurs d’argent, notamment durant la deuxième étape du processus habituel de blanchiment appelée “étape de camouflage”. Selon ce rapport, le montant de l’argent gelé en Tunisie au cours des cinq dernières années est estimé à 18 millions de dinars tunisiens (environ 7,37 millions de dollars US).

La CTAF a analysé des milliers d’opérations portant sur un total de 10 milliards de dinars

Les résultats de ce rapport sont le fruit de l’analyse stratégique de plus de 460 dossiers de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme soumis à la justice, de 2000 comptes bancaires et de milliers d’opérations bancaires (dépôt, retrait et transfert) d’une valeur globale avoisinant les 10 milliards de dinars.

70% des déclarations de soupçons de blanchiment d’argent transférées à la justice concernent des personnes non résidentes

Le rapport de la CTAF sur le risque de blanchiment d’argent en Tunisie reconnaît que les banques tunisiennes sont “la destination préférée des non résidents”. Il indique, par ailleurs, qu’environ 70% des déclarations de soupçons de blanchiment d’argent transférées à la justice concernent des personnes non résidentes.

La BCT, consciente du risque de blanchiment d’argent et de la possibilité d’implication, volontairement ou involontairement, d’entreprises et d’établissements bancaires tunisiens, a émis, en septembre 2017, une nouvelle circulaire destinée aux banques de la place.

Cette circulaire exige de ces établissements et des institutions financières en général le renforcement du contrôle interne pour la gestion des risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Elle impose également des mesures de vigilance et d’autres relatives aux clients dans l’objectif de détecter et d’informer sur les opérations et les transactions suspectes.