Le gouvernorat de la Manouba participera à la 24ème édition du Marché international du tourisme (MIT), qui se tiendra du 28 février au 3 mars 2018 à la Foire du Kram, en offrant toutes les conditions de promotion des divers produits patrimoniaux, écologiques et biologiques du tourisme, au moment où les professionnels dans la région souffrent des mêmes problématiques auxquels font face leurs projets, dont certains remontent à l’année 2005, notamment le retard de l’inclusion de la région sur la carte touristique et culturelle nationale.

Diversité et richesse du produit touristique à la Manouba

La région, qui se distingue par des monuments historiques, a acquis, au cours des dernières années les attributs d’un circuit agricole biologique qui comprend plusieurs fermes biologiques et projets écologiques. Selon le commissaire régional, Hédi Hamrouni, le Commissariat régional au développement agricole œuvre en coopération avec les autorités régionales et tous les intervenants des administrations régionales y afférentes à programmer ce parcours agricole.

Parmi les fermes agricoles que ce projet de circuit agricole biologique abrite,on peut citer la ferme Darna, la société Moulins Ben Mahjoub, la résidence touristique au Djbel Bou Akez, la maison d’hôtes jardin d’Agaves à la Mornaguia et le palais de Chouat à El Jdeida.

Le gouvernorat abrite également un centre de formation ainsi que la maison de l’artisanat à Denden, les aqueducs romains et le Centre équestre des chevaux à El Battan.

Mais ce n’est pas tout, car il se caractérise également par la diversité du produit touristique, notamment l’ensemble des palais historiques, tels que le palais Kobbet El Nhas (“Palais de la coupole de cuivre”), les trois palais de Zarrouk, le Palais de la Rose, le bassin de Zarrouk, le fort Chouikha, les aqueducs romains, ainsi que plusieurs mausolées, dont ceux de Sidi El Hattab à la Mornaguia et Sidi Ali Azouz à Tébourba, selon des données présentées lors d’une séance de travail tenue au siège du gouvernorat sous la présidence du secrétaire général du gouvernorat, Majed Hamouda, en prélude à la participation de la région à la prochaine édition du Marché international du tourisme.

Des problématiques attendent des solutions

Pour Hichem Ben Issa, propriétaire de la ferme biologique jardin d’Agaves, située dans la région Hmim à la Mornaguia, les problématiques du secteur remontent à plus de 10 ans, sans pour autant identifier des solutions radicales qui permettent d’ouvrir des perspectives de développement régional et de fournir des emplois aux habitants des zones rurales.
Selon Ben Issa la faiblesse du financement bancaire de ce type de projets touristiques ainsi que l’absence d’un cadre juridique les régissant ces projets et définissant les droits et obligations de l’investisseur sont les principaux problèmes qui entravent la création de projets biologiques agricoles.

De son côté, Abdsattar Tinssa, propriétaire d’une ferme agricole pédagogique à Tébourba spécialisée dans la production de pêches et l’extraction des huiles médicinales, a pâti de l’absence d’une stratégie claire pour la commercialisation du produit touristique biologique en raison de la non intégration de la région dans le circuit touristique du Grand Tunis.

Ben Issa qui parlait de son expérience a précisé qu’il déploie un effort personnel pour attirer les visiteurs à sa ferme agricole des établissements scolaires et zones limitrophes, aspirant à l’élaboration d’un programme clair à même de diversifier et d’améliorer la qualité du produit touristique.

Jihad Bitri, un jeune investisseur qui a créé sa propre ferme biologique a, quant à lui, choisi de s’implanter pour son propre compte sur le terrain de la famille au lieu de travailler en tant qu’un ingénieur industriel.

Selon Bitiri, les problématiques de ce secteur résident principalement en l’absence d’un cadre légal régissant ces projets, du financement bancaire et de la main d’œuvre, souhaitant voir l’élaboration prochaine d’un cadre juridique incitatif, la facilitation des procédures administratives et la mise en place d’une stratégie de promotion de ce produit touristique.

Néjib Bourguiba, propriétaire du projet Kobbet El Nhas, le premier projet réussi dans la région, a souligné qu’il a travaillé péniblement pour faire revivre l’héritage et restaurer les monuments du palais menacés de déperdition, sauf que le problème de raccordement au réseau d’assainissement persiste alors qu’il paie les taxes depuis 16 ans sans que l’Office de l’assainissement (ONAS) ait résolu les problèmes techniques empêchant l’opération de raccordement.

L’éparpillement de la propriété, le manque d’eau d’irrigation, la hausse du coût de production, la difficulté d’assurer la conformité du produit touristique aux normes figurent également parmi les problèmes auxquels est confronté le produit biologique touristique à la Manouba et dont la résolution est tributaire de la mise en œuvre des lois et des nouvelles incitations inscrites dans la nouvelle loi sur l’investissement.

Il s’agit, également, d’exploiter au mieux le patrimoine biologique et agricole pour qu’il joue pleinement son rôle en tant que projet de développement social et économique, selon les témoignages d’un nombre de propriétaires des projets biologiques touristiques.

Selon un rapport du commissariat régional au développement agricole la région publie chaque année environ 29 produits biologiques industriels ou semi industriels, tels que l’huile d’olive, l’olive de table, la tomate, l’artichaut, la Harissa, le câpre, le couscous et le miel biologique.