Ettakatol post-Mustapha Ben Jaafar s’est fixé trois objectifs : se restructurer, se recentrer sur le plan politique, notamment pour défendre la Constitution et le processus démocratique et essayer de rassembler la famille démocrate autour d’une plateforme.

Explications de son nouveau président, Khelil Ezzaouia.

WMC: Quels objectifs vous vous êtes fixés en qualité de nouveau président du Front Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL, Ettakatol) ?

Khelil Ezzaouia : Nous nous sommes fixés trois objectifs. Le premier, restructurer le parti et le mettre en marche, tant sur le plan organisationnel que politique.

Sur ce premier plan, on a créé, au sein de la direction, une structure qui s’occupe de l’appareil du parti, avec un secrétaire général qui fait office de secrétaire exécutif. Avec l’appui d’une équipe, il a la haute autorité sur cet appareil.

Deuxième objectif, recentrer le parti sur le plan politique dans une optique de défense de la Constitution et de la poursuite de la transition démocratique. Car ce processus est aujourd’hui menacé, notamment par des appels à une révision de la Constitution qui n’a pas été appliquée et pas pu, de ce fait, faire l’objet d’une évaluation.

Même les instances indépendantes n’ont pas été mises sur pied. Et la seule qui soit réellement indépendante et existante, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) est en pleine crise, dont la coalition au pouvoir est le premier responsable.

Notre troisième objectif est d’essayer de rassembler la famille démocrate autour d’une plateforme. Nous avons commencé à l’élaborer, avec les partis Al Joumhouri, Al Massar et des indépendants, pour préparer les élections municipales, dont on ne sait pas si elles vont avoir lieu ou pas.

Cette plateforme pourrait être élargie pour aboutir à un front qui fasse l’équilibre dans le pays et nous sortir de cette coalition Ennahdha-Nidaa Tounes qui est en train d’annuler la démocratie. 

Ettakatol est arrivé en bonne place aux élections du 23 octobre 2011, puis a été laminé totalement aux législatives de novembre de 2014. A quoi est dû cet échec ?

D’abord, à l’usure du pouvoir. Ensuite, au vote utile qui a divisé le pays en pro Nidaa Tounes, donc anti-Nidaa Tounes, et pro-Ennahdha et, de ce fait, anti-Nidaa Tounes, et laminé tous les partis centristes. Y compris ceux qui étaient dans l’opposition, comme Al Massar et Al Joumhouri.

Enfin, l’échec tient aussi au fait que nous n’avons pas pu expliquer à notre électorat notre participation, entre 2011 et 2013, à une coalition utile pour la stabilité du pays et pour la rédaction de la Constitution telle qu’on l’a eu, mais pas très positive pour le parti.

Ettakatol pourrait-il remonter la pente ?

Nous espérons pouvoir le faire. L’histoire d’autres pays démocratiques est riche d’exemples de formations politiques ayant pu redresser la barre après avoir connu des creux. On a même vu des candidats échouer à des élections législatives puis devenir présidents par la suite.

Un changement de rapport de forces et de majorité est-il possible ?

Le paysage politique et électoral en Tunisie n’est pas encore stable. La seule chose stable c’est l’électorat d’Ennahdha, qui peut augmenter ou baisser un peu mais tend à se stabiliser. Le reste du paysage politique est tellement atomisé et éclaté qu’on ne sait pas ce qui pourrait en sortir.

Pour en favoriser la stabilisation, il faudra certainement réformer la loi électorale. Qui, dans sa version actuelle, favorise l’éclatement. Avec 1% de voix, on peut avoir quelques députés mais on est peu influent.

Propos recueillis par Moncef Mahroug