En faveur des négociations sur l’ALECA, il faut repenser les relations tuniso-européennes

“Outre la mise en œuvre du nouveau Plan d’action pour un Partenariat privilégié pour la période 2018-2020, la Tunisie et l’Union européenne doivent réfléchir à une approche plus élargie et plus approfondie du nouvel horizon politique qu’elles veulent donner à leurs relations au-delà de 2020”. Cette déclaration est celle du chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, faite mardi 31 octobre.

Selon lui, “le soutien financier accordé par l’Union européenne à la Tunisie doit être accompagné de plus de souplesse sur le plan économique et commercial”, rappelant que la Tunisie, qui a réitéré son engagement de poursuivre les négociations autour de l’ALECA, reste convaincue que ces négociations constituent une occasion importante pour accélérer le rythme des réformes.

“La Tunisie est par ailleurs consciente de la nécessité d’adopter une démarche progressive qui prend en considération ses spécificités, ses forces et ses faiblesses”, a-t-il encore affirmé lors d’une conférence-débat organisée par l’UTICA en collaboration avec l’Union européenne, dans le cadre de la visite en Tunisie du président du Parlement européen Antonio Tajani, sur le thème “Le partenariat privilégié Tunisie-UE au service de l’investissement, de la croissance et de l’emploi”.

Le chef du gouvernement a reconnu que “le Plan d’action pour un Partenariat Privilégié (2013-2017) a contribué à approfondir et à diversifier les domaines de coopération et à créer une dynamique positive en matière de relations bilatérales. Toutefois, les activités réalisées dans le cadre de ce plan restent, malgré leurs importance, en deçà des ambitions et des objectifs tracés et ne répondent que partiellement à nos attentes”.

Il a ainsi formulé l’espoir que “le nouvel plan d’action pour la période 2018-2020 puisse fournir le soutien nécessaire à des activités allant en phase avec les priorités tunisiennes inscrites dans le plan quinquennal de développement 2016-2020 et baliser le terrain pour un nouveau cadre de partenariat entre la Tunisie et l’UE”.

Pour sa part, Antonio Tajani a souligné qu'”un pas important vers le renforcement du partenariat UE-Tunisie a été franchi en octobre 2015 avec l’ouverture des négociations sur un Accord de libre-échange complet et approfondi. Cet accord est une opportunité importante pour renforcer nos liens économiques, accélérer les reformes économiques et soutenir la diversification et la modernisation de l’économie tunisienne”.

Et d’ajouter que “cet accord permettrait aux produits et services tunisiens d’accéder plus facilement à un marché européen de 500 millions de consommateurs, le plus grand marché du monde, et favoriserait aussi les conditions d’investissement et le climat des affaires par un cadre réglementaire plus prévisible et plus proche de celui de l’UE”.

Selon lui, “l’ALECA mènerait à l’adaptation progressive de l’économie tunisienne aux normes européennes, ce qui contribuerait à hausser la qualité des produits et services tunisiens, profitant aussi aux consommateurs tunisiens et favorisant l’accès aux d’autres marchés internationaux. Les entreprises bénéficieront de l’accord par la reconnaissance mutuelle des produits ainsi que par la réduction de barrières techniques et administratives et des duplications des normes”, a-t-il ajouté.

“Il s’agit par ailleurs d’un accord asymétrique et progressif à l’avantage de la Tunisie avec une ouverture commerciale et un rapprochement réglementaire adaptés aux priorités choisies par la Tunisie en tenant compte les spécificités de son économie”, a-t-il encore estimé.

Tajani a révélé que “dans trois semaines, le Parlement européen organisera un événement très important pour promouvoir la coopération entre l’Europe et l’Afrique. Il y a quelques semaines, l’Union européenne a mis en place le Fonds européen pour le développement durable, lequel doit soutenir les investissements dans les pays d’Afrique et du voisinage européen, initialement par un budget d’environ 3.4 milliards d’euros. C’est un début qui est loin d’être suffisant. Dans le prochain cadre financier pluriannuel de l’Union, il faudrait un véritable Plan Marshall pour l’Afrique et des investissements d’au moins 40 milliards d’euros, ce qui créerait un effet levier de 400 milliards d’euros. Je voudrais aussi voir se développer l’intégration économique régionale”.