Stress hydrique et sécurité alimentaire : Une menace à prendre au sérieux en Tunisie 

La situation de stress hydrique que vit la Tunisie actuellement, avec un ratio d’environ 410 m3/h par an, risque de s’aggraver à l’horizon 2030, car ce ratio pourrait baisser à environ 360 m3/h/ an, avec une baisse prévue de 28% des ressources en eaux conventionnelles, selon une étude sur “la sécurité alimentaire en Tunisie”, réalisée par l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) en collaboration avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM).

“Il faut mettre en place une stratégie à long terme pour faire face à la pénurie d’eau. Cette stratégie doit prendre en compte les secteurs grands consommateurs d’eau et les effets des changements climatiques et doit explorer des pistes pour garantir la sécurité hydrique et alimentaire d’une façon durable, déterminer le volume de l’offre et la demande et prévoir des solutions pour réduire les risques de la pénurie d’eau”, a recommandé, mardi, le responsable coordinateur de l’élaboration de cette l’étude, Slaheddine Makhlouf.

En effet, les spécialistes estiment à 1700 m3 par personne et par an le niveau minimal pour éviter tout risque de stress hydrique. Selon la FAO, un pays où le ratio d’eau est inférieur à 500 m3/H est un pays souffrant de pénurie d’eau absolue alors que pour franchir le seuil de vulnérabilité, il faut 2500 m3/an/hab.

En Tunisie, la nappe phréatique se trouve de plus en plus sous pression et risque d’être épuisée à cause de l’accroissement des activités humaines socio-économiques. Les générations futures pourraient se trouver, ainsi, en face d’un problème de pauvreté hydrique et même d’insécurité hydrique.

“Cette question de l’eau est étroitement liée à la sécurité alimentaire, ce qui rend urgent la réalisation d’une étude sur le problème de l’eau en Tunisie dans le cadre d’une vision globale visant une meilleure gestion des ressources”, a déclaré l’universitaire Karim Belkahla, à l’occasion de la rencontre consacrée à la présentation des premiers résultats de l’étude. Car, la Tunisie est considérée un pays parmi les plus exposés aux risques et effets des changements climatiques.

En plus du problème de pénurie d’eau, le pays devrait faire face à d’autres problèmes liés au changement climatique, dont l’augmentation des températures (plus de 3 degrés d’ici 2050), la dégradation du sol, l’élévation du niveau de la mer….

L’étude de l’étude, prévoit des recommandations concernant l’amélioration de l’alimentation et la promotion de l’agriculture durable. Elle prévoit aussi la réalisation d’analyses pour évaluer la sécurité et la situation alimentaire en Tunisie et l’évaluation des politiques et programmes institutionnels adoptés pour améliorer la sécurité alimentaire.

Un diagnostic de la situation est nécessaire selon le directeur de l’ITES, Hatem Ben Salem. “Aucun pays ne peut prétendre la souveraineté, s’il n’est pas maitre de son alimentation et de ses systèmes alimentaires”, a-t-il déclaré à cet effet.