Haute saison touristique en Tunisie : De bons signes de reprise

A deux mois de l’été, la haute saison touristique s’annonce de bon augure en Tunisie. Le nombre de touristes ayant choisi la destination Tunisie a atteint, jusqu’à fin mars 2017, 1,235 million. Par rapport à la même période de 2016, les entrées touristiques ont augmenté de 33,5%, selon la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Selma Elloumi Rekik, dont une progression de 60% pour les marchés traditionnels (France, Allemagne, Algérie).

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a prévu, dans une interview radiotélévisée diffusée, dimanche soir, que le nombre de touristes atteindrait 6,5 millions fin 2017, soit une augmentation de 30% par rapport à 2016.

Optimisme et prudence!

Plusieurs professionnels sont optimistes quant à la reprise du secteur touristique tunisien au cours de la saison estivale 2017.

Khaled Fakhfekh, président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) a mis l’accent sur l’importance du tourisme local, rappelant qu’entre 2015 et 2016, les Tunisiens ont passé 5 millions de nuitées dans les unités hôtelières. La Tunisie, qui comptait essentiellement sur les marchés maghrébin et de l’Europe de l’Est (Russie), figure de nouveau dans les brochures des tours opérateurs des pays de l’Europe de l’Ouest (France, Allemagne, Belgique).

Le président de l’Observatoire tunisien du tourisme (OTT), et organisateur des “Salons du Tourisme”, Afif Kchouk, préfère, de son côté, rester prudent même si la tendance est à l’optimisme avec tous les bons indicateurs sur l’été 2017. “Même si les prévisions pour la saison de l’été 2017 sont bonnes pour les marchés traditionnels, notamment ceux tunisien et algérien, il faut être optimiste mais prudent à la fois, surtout que l’image de la Tunisie, qui s’est améliorée sur certains aspects, reste fragile. La visibilité sur le long terme n’est pas claire”, a-t-il déclaré à l’agence TAP.

Et d’ajouter: “il est impératif de travailler sur l’image de la destination. Notre pays est fondamentalement balnéaire, cette activité représente la locomotive du tourisme tunisien, si elle marche, tous les autres produits touristiques marcheront aussi. La relance dépend essentiellement, de la qualité des produits dans les hôtels (infrastructure, nourriture, accueil, propreté…).

S’agissant du marché maghrébin, les conditions d’accueil et de transit des touristes algériens et libyens au niveau des postes frontaliers tunisiens ont fait l’objet de rencontres entre la ministre du Tourisme et de l’Artisanat et des responsables de l’Office national des postes frontaliers.

Elloumi a affirmé que l”Etat veille à réunir les meilleures conditions d’accueil et de passages aux ces touristes et à accélérer les travaux d’aménagement et de rénovation des aires d’attente et de repos en les dotant des commodités nécessaires particulièrement au niveau des bureaux de change et des assurances”.

Le tourisme tunisien nécessite plus que de mesures conjoncturelles

Pour certains experts du tourisme, il faut régler les problèmes structurels du secteur touristique en Tunisie et ne plus se contenter des pratiques et mesures conjoncturelles. Car, le secteur souffre toujours de problèmes tels que la qualité des services hôteliers, le manque de flexibilité de la compagnie aérienne TUNISAIR, les mauvaises conditions de passage en Tunisie au niveau de certains postes frontaliers et le traitement peu professionnel de certains hôteliers tunisiens à l’égard des clients maghrébins (surbooking, délogement et mauvaise qualité des services….).

Mounir Ben Miled, expert en tourisme et hôtellerie, critique, pour sa part, un déficit de qualité au niveau de l’offre hôtelière et des prestations de services, un manque au niveau de la formation qui est de moins en moins conforme aux besoins du secteur, un endettement lourd d’un grand nombre d’opérateurs, empêchant la mise à niveau et le renouvellement des unités hôtelières, le manque de coordination à l’échelle des décideurs (ministères, OPAT…) et l’absence d’innovation dans les démarches de marketing.

D’après lui, il faut promouvoir une nouvelle image de la Tunisie auprès des marchés émetteurs, celle d’un pays sûr pour les touristes, la mise en œuvre d’une action importante au niveau du respect de l’environnement et de l’hygiène et du renforcement du contrôle, l’élaboration de nouvelles méthodes de promotion appropriées au besoin de chaque marché, l’invitation, chaque fois que nécessaire, de célèbres personnalités des médias, des arts, de la culture.

Pour Zouhaier Ben Jemaa, expert et consultant en tourisme à l’international, le tourisme balnéaire doit rester et être mis à niveau. Mais, d’autres formes de tourisme doivent voir le jour. “De beaux circuits s’inspirant de nos 3000 ans d’histoire doivent être programmés. La gastronomie doit être mieux valorisée. Des événements internationaux doivent être organisés pour améliorer la basse et moyenne saison : golf – spectacles – sports – congrès! La formation doit être repensée sans délais ! Un vaste chantier, est à envisager”, a-t-il recommandé, estimant que le marché du Maghreb doit être repensé et les produits doivent être mieux adaptés, et le tourisme intérieur doit doubler de volume.

Les premières assises, qui se tiennent du 22 mars au 22 mai 2016, doivent aboutir à un plan d’action gouvernemental pour soutenir le secteur jusqu’en 2020.

La Tunisie, qui investit dans le tourisme depuis plus de cinq décennies, a misé, pendant longtemps, sur un tourisme de masse principalement balnéaire. Aujourd’hui, ce système tend à s’essouffler et doit suivre les tendances, préviennent des experts et des professionnels qui recommandent la diversification de l’offre touristique et la promotion d’un tourisme de niche à l’instar du tourisme écologique, médical, culturel et autres.