Comment la Tunisie pourrait-elle entrer dans un cercle vertueux de croissance durable?

Dans un contexte tunisien post-Révolution et un gouvernement trop souvent confronté à l’urgence, pouvoir se référer à une structure de réflexions permettrait certainement à ce dernier d’éclairer ses choix.

Par conséquent, engager de vraies réformes concertées pour consolider les perspectives économiques et lancer ensemble un dialogue national permettrait de construire une vision commune d’une Tunisie conquérante et qui transcende les différences politiques et les fragmentations sociales. Cette vision donnerait donc un sens aux réformes à engager.

Pour cela, notre sphère publique nécessite un changement des méthodes de management et ce par l’introduction de méthodes innovantes mais également par le lancement d’un processus de réflexions sur le périmètre, les missions et l’organisation du service public car nous ne pouvons gagner en efficience et engager une baisse des dépenses publiques sans dégrader la qualité du service public qui par ailleurs est à déplorer.

Agissons donc ensemble pour la croissance en acceptant de nous adapter et de nous réformer sans tabou en acceptant le dialogue tout en préservant la cohésion sociale.

Par conséquent, il s’avère utile et nécessaire de moderniser notre dialogue social et de le réformer afin de passer d’un dialogue social de contraintes à un dialogue social de performance.

Par suite et dans un objectif d’atteindre l’excellence opérationnelle dans le secteur public, certaines mesures pourraient être entreprises:

  • moderniser les outils de gestion publique en vue d’une bonne gouvernance;
  • mise en œuvre de procédures permettant de s’attaquer à un des maux majeurs de notre économie à savoir la complexité administrative et ce par la mise en place rapide d’une dynamique de simplification;
  • investir dans la transformation numérique du secteur public et utiliser les TIC comme moyens pouvant améliorer la performance surtout lors de la conduite des projets publics;
  • mettre en place des mécanismes de suivi (tableaux de bord et comités) et garantir la transparence et la diffusion de l’information à la société civile et tous les autres acteurs dans souci de bonne gouvernance et afin d’améliorer la performance du secteur public;
  • prise en compte des caractéristiques essentielles pour apprécier la performance du secteur public (contribution des actifs immatériels afin d’optimiser le pilotage de la performance à moyen et long termes – le processus de gouvernance et la responsabilité sociétale des organisations – l’éthique, la culture du changement et le Lean management …
  • l’intégration de la responsabilité sociétale des organisations dans nos politiques publiques comme véritable levier de performance : cette approche permettrait de mettre en œuvre de nouvelles régulations et une meilleure gouvernance dans la mesure où s’engager dans une telle démarche constitue une reconnaissance par son écosystème et un avantage concurrentiel dans un contexte de mondialisation;
  • repenser à l’encadrement;
  • le développement personnel des fonctionnaires publics par l’adoption de démarches permettant de cultiver l’adhésion, la motivation et la confiance de ces fonctionnaires tout en s’interrogeant sur l’impact des pratiques actuelles, constituerait des leviers de performance pour le secteur public.

Ensemble nous y arriverons! Construisons donc tous ensemble députés, politiciens de droite ou de gauche, fonctionnaires, salariés, société civile, syndicalistes, organisations patronales, citoyens … une vision économique et sociétale, pour les dix années à venir, qui pourrait donner une ascension économique à notre pays et un sens aux réformes à mener.

Enfin, une action de ce type ne pourrait être porteuse d’un intérêt général que si elle est accompagnée par la définition et l’adoption d’un plan d’actions concret et réaliste surtout, car comme dirait feu Habib Bourguiba, «Être réaliste, c’est préférer une réforme modeste, qui en permet une autre, à un miracle impossible». 

Meriam Ben Boubaker Arfa