Selon Walid Ben Salah, expert-comptable et analyste financier, l’insuffisance des liquidités dans le pays est dû à deux facteurs.

Le premier a trait à l’achat par les banques de la place des Bons de trésor assimilables (BTA) émis par l’Etat. Pour l’expert, qui s’exprimait dans un magazine de la place, les BTA émis par l’Etat sont “quasi-totalement souscrits par les banques et refinancés ensuite par la Banque centrale de Tunisie (BCT), ce qui contribue à l’assèchement des liquidités sur le marché. Au cours de l’année 2016, le volume quotidien moyen des injections des liquidités par la BCT sur le marché bancaire a atteint des niveaux record ayant dépassé parfois les 8 milliards de dinars”.

Décryptage de l’expert: “en l’absence de contrepartie réelle en matière de création de richesse, ces opérations se traduisent par la création d’une masse monétaire scripturale fictive. Un tel phénomène affecte considérablement la valeur du dinar et le pouvoir d’achat”.

Le second facteur est imputable au “volume des billets de banque et de monnaies en circulation”. Ce dernier “a atteint, fin décembre2016, un nouveau pic de 10.231 milliards de dinars, en augmentation de 16% par rapport à 2015, représentant quasiment le double de celui de décembre 2010”, a déclaré l’expert.

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Cette situation contribue, selon lui, à l’assèchement des liquidités dans le secteur bancaire et témoigne de l’importance ascendante du volume de l’économie informelle, estimé à plus de 44% du PIB.

Il pense qu'”à ce titre, les autorités publiques et la BCT n’ont pas mis en place des mesures efficaces (tels que le changement de billets de banque par exemple), permettant de réintégrer, même à titre partiel et ou provisoire, ce volume important de liquidités dans le système financier et de le réinjecter de nouveau dans l’économie. Ces mêmes autorités n’ont pas élaboré non plus une stratégie en vue de lutter contre le secteur informel, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale. La poursuite d’une telle fuite en avant aurait des conséquences ruineuses sur l’économie”.