Namia Ayadi Berrayana d’Attijari bank : Devenir le portail de l’Afrique, c’est notre objectif

tunisie-wmc-namia-ayadi-berrayana-attijari-bankInflexible et passionnée pour son travail et dotée d’un indéniable sens de l’engagement, Namia Ayadi Berrayana, directrice en charge des activités de développement à l’international à Attijari bank Tunisie, est agréable d’abord et de paroles. Elle occupe le poste de «Head of Global Transaction Banking -ça sonne bien- et représente un exemple édifiant des réussites des compétences féminines dans le secteur financier. Des femmes qui font ce qu’elles pensent être utile et efficient et croient en ce qu’elles font.

Parmi ses nombreuses prérogatives, l’accompagnement des investisseurs étrangers en Tunisie, le développement du commerce extérieur et l’accompagnement des hommes d’affaires tunisiens en Afrique Sub-saharienne. 

Elle n’hésite pas à défendre les dossiers auxquels elle est assez sensible: encadrement et conseil des hommes d’affaires tunisiens qui veulent déployer leurs ailes à l’international et surtout en Afrique.

Entretien avec l’ambassadrice d’Attijari bank Tunisie en Afrique. 

Namia Ayadi Berrayana : Mon métier me procure une satisfaction et un épanouissement professionnel important, et le fait que je sois une femme ne constitue en aucun cas une entrave au sein de mon institution. Ma mission consiste à œuvrer au développement à l’international en premier par l’attraction des IDE, donc de tout ce qui est off-shore.

J’accompagne les missions d’hommes d’affaires à l’étranger pour rassurer nos clients et confirmer de nouveau qu’Attijari bank est une banque qui finance les investisseurs étrangers qui veulent s’implanter en Tunisie parce que cela est au cœur même de ses activités.

J’ai eu l’occasion d’accompagner une délégation tunisienne au Canada composée de parlementaires, universitaires et hommes d’affaires. Nous étions la seule banque à avoir interpellé les Canadiens en leur disant: “venez investir en Tunisie, il y a une banque qui vous soutiendra et vous accompagnera“.

J’ai également fait partie de la délégation de la FIPA, lors de la participation tunisienne au Salon Le Bourget à Paris. Tout le monde était étonné, parce que dans l’état d’esprit traditionnel, on pense que la présence d’un banquier dans un Salon de l’aéronautique n’a pas de sens. Je pensais, au contraire, qu’il fallait qu’une banque accompagne la délégation tunisienne à cette manifestation pour dire aux investisseurs et aux professionnels qu’ils peuvent compter sur Attijari bank pour financer leurs investissements en Tunisie.

On vous désigne aussi par Madame Afrique?

Effectivement. C’est parce que j’accompagne et j’assiste les hommes d’affaires tunisiens qui souhaitent se développer en Afrique sub-saharienne sur deux niveaux. D’abord, en matière d’import-export, et particulièrement le renforcement des exportations tunisiennes en direction de l’Afrique subsaharienne. Et aussi l’assistance des Tunisiens qui se déplacent en Afrique subsaharienne pour la prospection de nouveaux marchés.

Nous sommes parfaitement conscients, aujourd’hui, qu’avec l’arrivée des Turcs, des Chinois et des Indiens, la concurrence est devenue rude.

Nous avons le devoir de participer à créer des champions nationaux et régionaux et celui d’asseoir un flux d’export en croissance vers l’Afrique subsaharienne, et de contribuer à aider les opérateurs économiques tunisiens qui désirent s’implanter en Afrique.

Oui, mais en matière de compétences et d’expertise, les Africains reconnaissent eux-mêmes que tout est à construire chez eux et par conséquent, la Tunisie peut exporter aussi bien son savoir-faire qu’encourager les opérateurs privés à s’implanter en Afrique.

Absolument. Nous avons beaucoup de compétences. Notre mission est d’aider les opérateurs économiques tunisiens à cadrer leur intérêt pour l’Afrique subsaharienne. En effet, certains opérateurs assimilent l’Afrique à un seul pays. L’Afrique est composée de 54 pays avec des économies qui diffèrent les unes des autres, même s’il est vrai que plusieurs pays sont assez bien intégrés dans leur environnement géoéconomique et dans certains groupements.

Les économies sont différentes et par conséquent le choix de la stratégie à adopter par l’opérateur économique tunisien varie selon le pays et ce aussi bien en termes d’export que d’investissement.

La résilience des pays aux chocs pétroliers détermine également l’intérêt que peut avoir l’investisseur pour un pays. Pour pouvoir réussir en Afrique subsaharienne, il faut choisir le bon pays et le bon marché et ceci en fonction de la nature de l’activité de l’opérateur et de sa stratégie. Pour ce, il faut être bien outillé et surtout adopter l’approche culturelle la mieux adaptée à chaque destination.

Nous voulons que les entreprises tunisiennes deviennent des champions régionaux, et nous avons toutes les chances pour réussir: à nous de les saisir. A cœur vaillant, rien n’est impossible, et nous croyons fermement en la capacité de notre secteur privé à se développer et grandir. Si aujourd’hui, un promoteur se positionne dans l’industrie du bois, demain il pourra élargir son champ d’activités vers d’autres secteurs et métiers annexes, donc il créera plus de richesses et assoira sa notoriété non pas à l’échelle d’un seul pays mais dans toute la région.

Pensez-vous les investisseurs tunisiens capables de percer en Afrique subsaharienne au niveau d’activités industrielles importantes et d’en être les locomotives?

J’en suis convaincue. Les Tunisiens n’étaient pas trop intéressés par l’Afrique subsaharienne parce que nos capacités de production étaient entièrement absorbées par nos exportations vers l’Europe, l’Algérie et la Libye. Avec le recul de la croissance en Europe et la fermeture du marché libyen, les entreprises tunisiennes ont fait le choix d’aller chercher de nouveaux relais de croissance à l’international, notre marché tunisien étant trop exigu.

Il faut croire en l’Afrique et ses potentialités. Quand mes clients demandent à être mis en contact, nous les conseillons à titre gracieux et nous les mettons en relation avec nos meilleurs clients dans les pays d’implantation. Nous aidons tous ceux qui cherchent de nouveaux marchés même s’ils ne sont pas les clients de la banque. Nous livrons les informations utiles à tous ceux qui les sollicitent et puis s’il y a des transactions que la banque doit sécuriser, nous réagissons rapidement.

Le Groupe possède aujourd’hui 14 filiales en Afrique et 25 filiales dans le monde, et cette présence sera de plus en plus développée dans les années à venir. Le groupe vient d’acquérir «Barclays Bank Egypt» suite à un accord signé avec Barclays Bank PLC au Caire. Cette opération permettra à Attijariwafa bank d’étendre son réseau international et de s’implanter dans un marché bancaire avec des perspectives de croissance significatives. Elle ouvre aussi la voie au développement du Groupe au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est. Nous sommes également présent en Europe à travers la filiale Attijariwafa bank Europe, ce qui nous permet de répondre présents quand on fait appel à nous.

On avait parlé de la possibilité d’élever le montant de l’allocation aux investissements, il n’y a rien de nouveau la concernant?  

Nous avons organisé, le 25 mai 2016 dans le cadre du lancement du Club Afrique Développement et à l’occasion de la journée mondiale de l’Afrique, une conférence portant sur le thème «Rôles des institutions financières, banques et assurances, dans l’accompagnement des opérateurs économiques tunisiens en Afrique». La problématique de la réglementation de change a été soulevée. La Banque centrale de Tunisie en est consciente et envisage d’assouplir la législation afin de permettre aux opérateurs économiques tunisiens de saisir les opportunités de développement qui peuvent se présenter.

Attijari bank, avec sa dimension internationale, assiste les opérateurs dans le financement de leurs affaires, et ce en leur facilitant l’accès aux filiales sub-sahariennes et en défendant leurs dossiers de financement.

Qu’en est-il de la présence du groupe Attijariwafa bank dans le monde et la place de la Tunisie dans le groupe?

Le Groupe Attijariwafa bank est un groupe panafricain qui œuvre pour le développement des relations Sud-Sud. Le Forum international Afrique Développement, qui constitue une des actions phares contribuant à la mise en œuvre de cette stratégie de rapprochement entre les pays du Sud, est assimilé aujourd’hui dans les sphères économiques internationales au Davos africain. (A lire: Maroc : Création du “Club Afrique Développement”)

La dernière édition a regroupé plus de 1.500 participants en provenance de 27 pays avec la participation de personnalités de tous bords, des personnalités africaines, européennes et asiatiques. Cette 4ème édition, qui s’est tenue du 25 au 27 février 2016 autour du thème «Agriculture et électrification: Mobiliser les énergies», a enregistré la participation d’une imposante délégation tunisienne constituée aussi bien d’officiels que d’opérateurs privés. Nous avons eu l’honneur d’être représentés par le DG de la FIPA, le DGA du CEPEX et la présidente de l’UTICA. Une cinquantaine de nos entreprises tunisiennes ont également fait le déplacement pour participer à cette importante manifestation.

La Tunisie était à l’honneur, avec un stand qui lui était dédié. Une présentation de la Tunisie avec les différents mécanismes d’attraction des investissements a été assurée par le DG de la FIPA au cours du forum.

Notre devise au sein du Groupe Attijariwafa bank est de placer le client au centre de notre attention. Notre mission en tant que banque faisant partie d’un groupe panafricain est de soutenir et d’aider les opérateurs dans leur expansion à l’échelle nationale et internationale, ce qui nous permettra de participer au développement de l’économie Tunisienne.