Tunisie – ALECA : L’IACE lance le vrai débat

iace-aleca-forum-tunis-2016.jpg

Le débat sur l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) n’ayant pas été jusqu’ici «étayé par un travail économique», selon le constat de son président, Ahmed Bouzguenda, l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) a décidé de combler cette lacune en y dédiant la 4ème édition de son Forum de Tunis (27-28 mai 2016) avec l’ambition qu’elle serve à déclencher le «vrai débat». Le but de ce «brainstorming» national étant d’arriver à proposer «une classification des secteurs d’activités en fonction de leur capacité à faire face à une plus grande ouverture», note Walid Bel Hadj Amor, vice-président de l’IACE.

Pour ce faire, le think tank du monde de l’entreprise a choisi d’adopter un «angle d’attaque particulier» et «ne pas dire que (l’ALECA, ndlr) c’est bon ou mauvais», observe M. Bouzguenda, mais de mettre sur la table les expériences d’autres pays dans ce domaine pour «réfléchir sur les pré-requis de la réussite de cet accord», ainsi que des études réalisées par des experts de l’IACE sur «les secteurs un peu controversés comme l’agriculture et les services».

Cette démarche est d’autant plus appropriée que l’expérience des autres pays en matière de libre-échange démontre qu’il fait peur et suscite de ce fait des débats houleux –comme en Union européenne qui est en train de négocier un traité de ce genre avec les Etats-Unis- et que la réussite n’est pas garantie et l’échec non plus, et que, constate Walid Bel Hadj Amor, «le plus faible dans ce genre d’accord court des risques qu’il faut mettre sur la table», c’est-à-dire au centre d’un débat national.

Ce débat, ouvert en particulier aux opérateurs privés et à la société civile, doit être lancé en ayant à l’esprit le constat selon lequel la réussite n’est pas garanti et l’échec non plus, que, d’après Majdi Hassen, directeur exécutif de l’IACE, «certains accords ont un effet positif d’autres un impact négatif sur le court et le long termes» et que «tous les accords ont profité aux pays signataires, mais sur le long terme», complète M. Bouzguenda.

Mais, recommande le vice-président de l’IACE, cet effort ne doit pas seulement aboutir à l’établissement de critères «quantitatifs et qualitatifs pour juger de la capacité de 46 filières à faire face à l’ouverture», car «on est aujourd’hui en présence d’un gap en matière de compétitivité qui va représenter un danger», mais à ce que la Tunisie «ne reste pas dans une position défensive» mais adopte une posture «offensive et formule des demandes».

En plus de ses faiblesses intrinsèques, la Tunisie est désavantagée par le fait que la négociation de l’ALECA s’engage, selon Walid Bel Hadj Amor, au mauvais moment. «Le danger réside dans le timing de cette négociation», qui s’engage à un moment où l’état de l’économie en général et du secteur privé en particulier n’y est guère propice. «Il est difficile au secteur privé de s’engager dans plus de concurrence alors qu’il est attaqué dans son propre pays par le secteur informel», estime le responsable de l’IACE.

Au bout du compte, donc, la question n’est pas tant de savoir s’il faut ou pas aller dans l’ALECA, mais plutôt d’aborder la négociation la bonne posture mentale et les précautions requises pour le que processus réussisse.