Tunisie – Politique : Le limogeage du ministre de la justice était prévisible

Par : TAP

mohamed-salah-ben-aissa1.jpg“Ma révocation du poste de ministre de la Justice intervient sur fond de profonds désaccords avec le gouvernement sur la méthode de travail”, a déclaré Mohamed Salah Ben Aissa. Il a notamment cité son refus de participer, mardi 20 octobre, à la séance d’ouverture de la deuxième session parlementaire. Lundi, le rapporteur de la Commission parlementaire de législation générale, Sana Mersni, avait annoncé le report de l’examen du projet de loi sur le Conseil supérieur de la magistrature prévu ce mardi. Plus tard, le bureau de l’ARP décide d’inscrire ce projet à l’ordre du jour de la plénière inaugurale de la 2e session parlementaire.

Joint par l’agence TAP, Mohamed Salah Ben Aissa a expliqué avoir refusé de participer à la séance plénière de mardi, étant non convaincu de la dernière mouture de ce projet. Une version qu’il refuse complètement, a-t-il insisté.

Concernant ses dernières déclarations relatives aux pressions étrangères sur la Tunisie (en allusion à l’ambassadeur américain), pour hâter l’adoption du projet de loi sur la traite des êtres humains, Ben Aissa a affirmé que cette question n’a pas été évoquée avec le chef du gouvernement. Et de préciser que la méthode de travail a accaparé les discussions durant les dernières 48 heures. Plus tôt dans la journée, le chef du gouvernement Habib Essid a décidé de démettre Mohamed Salah Ben Aissa de ses fonctions et de charger le ministre de la Défense Farhat Horchani de la gestion des affaires de la Justice par intérim.

Cependant, en référant aux propos qu’il avait tenus en juillet dernier, on ne peut pas être surpris par ce limogeage. En effet, Mohamed Salah Ben Aissa était, entre autres, très réservé sur la loi de réconciliation nationale: “… sur la question de la réconciliation nationale, le ministre a une position assez nuancée –par rapport, exemple, à celle du président Caïd Essebsi. Tout en rappelant que «le concept de réconciliation est au cœur de la justice transitionnelle», le ministre a constaté qu’«il a échappé à certains esprits que la réconciliation nationale est le dernier maillon d’une chaîne dont les autres sont la découverte de la vérité, la réparation du préjudice, la présentation d’excuses, etc.”