Liberté économique 2015 : Regard américain désabusé sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

Qu’il semble loin le temps, pourtant si proche, où la vie des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient s’annonçait en rose, à la faveur de ce qu’il a été convenu d’appeler le «Printemps arabe». Quatre ans après, ces pays se présentent au pire comme un véritable champ de ruine –Libye, Yémen, Syrie- ou au mieux comme un chantier inachevé, comme c’est le cas de la Tunisie. Avec comme résultat un changement nulle part mené à son terme, comme le constate James Phillips dans sa contribution traitant de la situation des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord dans la 21ème édition de l’Index de liberté économique 2015, publié annuellement depuis trois décennies par The Heritage Foundation et The Wall Street Journal.

indice-liberte-eco-tunisie.jpgCe chercheur principal rattaché à la Heritage Foundation y constate que «les réformes économiques depuis longtemps en retard continuent à être négligées ou reportées en raison de l’instabilité politique. Par conséquent, l’augmentation graduelle de la liberté économique enregistrée au cours des dernières années s’est arrêtée».

Cette situation a eu pour effet d’aggraver les complexes problèmes économiques et sociaux –aggravation du chômage dont le taux «est parmi les plus élevés au monde» et qui affecte en particulier la frange jeune de la population active- et par voie de conséquence de «booster le mécontentement politique, sapé plusieurs gouvernements et jeté une longue ombre sur les perspectives économiques de la région».

A supposer qu’un régime démocratique ait été mis en place ou soit en voie de l’être, ce ne serait guère suffisant pour régler des «problèmes complexes et enracinés dans des décennies de gouvernement autoritaire, qui a maintenu le pouvoir et les ressources entre les mains d’une minorité».

Dans une telle situation, organiser simplement des élections ou permettre la liberté d’expression non seulement «ne règlera pas ces problèmes», mais des élections peuvent «amplifier les clivages politiques s’il n’y a pas de consensus sur les règles du jeu après les élections».

En outre, pour qu’une démocratie soit stable -et, donc, opérante- nécessite, selon James Phillips, «une société civile favorable, une justice indépendante, le respect de l’Etat de droit, un gouvernement limité, la liberté de la presse, la liberté de religion et la décentralisation du pouvoir». Il faut de surcroît –c’est une des difficiles réformes requises- régler un autre problème: l’attitude des leaders politiques qui «aussi longtemps que les économies nationales seront dominées par le secteur étatique (…) seront réticents à partager le pouvoir si cela doit réduire leur accès aux richesses contrôlées par l’Etat».

La solution alors? Celle à laquelle pense James Phillips tient en deux volets. Le premier concerne les élites gouvernantes qui «ont besoin d’adhérer à une philosophie de gouvernement limité» et d’œuvrer au développement d’une justice indépendante et de «cadres juridiques commerciaux protégeant les droits et garantissant la libre compétition».

Le deuxième volet de la réponse à la situation des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord se rapporte aux Etats-Unis qui doivent, selon James Phillips, «renforcer la convention anti-corruption de l’OCDE afin de faire face aux grands défis au Moyen-Orient» et œuvrer à «souligner dans les traités bilatéraux de l’investissement les pratiques de transparence et lutte contre la corruption».