Tunisie : Poulina commence à surmonter le choc de l’après 14 janvier

«Tout s’est arrangé». «Nous commençons à cueillir les fruits». Ces deux phrases de Abdelwaheb Ben Ayed en disent plus long sur le chemin parcouru par Poulina Group Holding (PGH) au cours des quatre dernières années et l’état d’esprit qui règne aujourd’hui en son sein, que le rapport de gestion au titre de l’année 2014, discuté et adopté lundi 15 juin 2015 par l’assemblée générale ordinaire. «Nos ratios retrouvent petit-à-petit leur niveau de 2011», confirme le président de PGH.

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Comme pour le reste du pays, le 14 janvier 2011 a constitué un véritable choc pour PGH. Un choc social et, par conséquent, économique et financier, dont les dirigeants du groupe ont rapidement saisi l’ampleur et les possibles retombées sur son activité. Car le groupe qui, avant la chute du régime Ben Ali, se vantait de ne pas enregistrer de grèves ou si peu, s’est trouvé confronté à une véritable déferlante sociale: grèves légales et quelques-unes sauvages, et revendications légitimes et d’autres saugrenues.

«Une semaine après la révolution, nous avons compris que tout allait changer. Nous avons donc décidé d’essayer de sauver ce qui pouvait l’être de l’industrie», se rappelle Abdelwaheb Ben Ayed.

Pour s’adapter à la nouvelle situation, les dirigeants de PGH ont agi selon deux axes: la gestion de la crise et la préparation de l’avenir pour ne plus avoir à vivre la même situation.

Sur le premier plan, ils ont cherché à ramener le calme pour créer les conditions d’une reprise de l’activité là où elle s’était arrêtée, et ce en usant, selon les situations, de souplesse (augmentations de salaires, qui ont fait bondir la masse salariale de 50% en quatre ans) et de fermeté (fermeture de certains unités).

Afin de se préparer à un avenir socialement moins perturbé, les dirigeants de PGH ont ensuite décidé de faire faire au groupe un virage stratégique visant à réduire le poids de l’industrie (qui représentait alors 50% du total en 2011) et, partant, des ouvriers, dans l’activité.

Quatre ans après, cet objectif est en passe d’être atteint.

En effet, «la masse ouvrière a déjà commencé à baisser», se félicite Abdelwaheb Ben Ayed, grâce à la robotisation en cours de son activité industrielle. D’ailleurs, sur les 1.200 nouvelles recrues ayant intégré PGH depuis 2011, 70% dont des cadres.

Mais les progrès en matière de robotisation sont inégaux d’un secteur à un autre. Déjà bien engagée dans l’aviculture, elle n’a pas encore commencé, ou à peine, dans d’autres secteurs, comme les matériaux de construction. Où pourtant les mouvements sociaux font beaucoup de dégâts. «Dans cette activité, nous avons perdu 95% de nos bénéfices de 2010», souligne le président de PGH.

Cette tendance devrait s’accentuer au cours des années à venir, puisque dans la réflexion stratégique sur les axes de son développement futurs le groupe privilégie les secteurs à faible densité de main d’œuvre, comme les services, l’informatique, l’enseignement, etc.

Toutefois, cela ne veut pas dire que PGH a totalement et définitivement tourné le dos à l’industrie. Bien au contraire. Même si l’essentiel du milliard de dinars qu’il consacre à ses investissements jusqu’en 2014 va aller à de nouveaux secteurs à faible densité ouvrière, le groupe compte bien se remettre à investir dans l’industrie mais une fois la robotisation en cours achevée.