A Damas, une foire pour sauver le “Made in Syria”

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à Damas le 14 avril 2015 (Photo : LOUAI BESHARA)

[24/04/2015 08:28:20] Damas (AFP) Des confiseries aux couches de bébé, les Syriens sont appelés à acheter les produits “Made in Syria” à l’appel d’industriels qui se mobilisent face au manque cruel de devises, aux sanctions et aux dommages de la guerre civile.

“Nous voulons rappeler aux gens que nous sommes toujours là”, explique derrière son stand un vendeur d’ustensiles de cuisine “Heart”.

L’usine de cette société a pourtant été détruite par les combats à Douma, une ville rebelle proche de la capitale syrienne.

Mais “Heart” a tenu à participer, avec une soixantaine d’autres entreprises locales, à la foire qui se tient dans le complexe sportif d’un quartier résidentiel de Damas.

Cet événement a été organisé par la Chambre d’industrie de la province de Damas pour “promouvoir notre industrie en encourageant les gens à acheter des produits syriens vendus moitié moins chers que les articles importés”, explique Mohammad Omar, l’un de ses responsables.

La foire a été un tel succès, selon M. Omar, qu’il a été décidé de la renouveler chaque mois à Damas et de l’étendre à d’autres provinces contrôlées par le régime, comme à Tartous (ouest) en mai.

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à Damas le 14 avril 2015 (Photo : LOUAI BESHARA)

L’enjeu est crucial pour les Syriens dont le pouvoir d’achat a été considérablement écorné en quatre ans de guerre et dont la priorité est d’assurer les besoins de base, à savoir la nourriture et le logement. Quatre Syriens sur cinq vivent désormais sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.

Dania, 30 ans, était ainsi venue “se promener” à la foire. Mais elle est repartie avec un sac si lourd que c’est son mari qui le porte. “Nous avons acheté du thym, des produits de nettoyage, du lait, du fromage. Ça vaut le coup, c’est moitié moins cher qu’au marché”, affirme la jeune femme.

– Ventes en chute libre –

Pour Dania comme pour de nombreux Syriens, les produits importés sont hors de portée.

La livre syrienne a en effet perdu plus des trois-quarts de sa valeur depuis quatre ans: il en faut 300 pour un dollar contre 50 en mars 2011.

Pour enrayer la pénurie de devises, les autorités syriennes ont récemment annoncé un plan pour “accroître les exportations et limiter les importations”. “Ce que nous pouvons produire ici ne sera plus importé. Nous pouvons fournir le marché avec beaucoup de produits”, a expliqué Fares Shehabi, président de la fédération des Chambres d’industrie.

Le défi est de taille pour les entreprises confrontées aux sanctions internationales, qui ont fait chuter les exportations, et aux conséquences de la guerre, qui a bouleversé le marché intérieur.

En 2014, les exportations n’ont atteint que 1,8 milliard de dollars contre 11,3 en 2010, selon le journal pro-gouvernemental Al-Watan. Et le ratio entre exportations et importations s’est nettement détérioré, de 82,7% en 2010 à 29,7% en 2014.

La maison Halwani, l’une des plus importantes fabriques de halva, confiserie à base de sésame, d’amandes et de miel, a ainsi vu ses ventes s’écrouler de 60% en quatre ans.

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à Damas le 14 avril 2015 (Photo : LOUAI BESHARA)

“C’est en province que se trouvaient les plus grands consommateurs de halva et nous avons perdu ce marché”, explique Louay Halwani, son propriétaire. Car la guerre civile a coupé les lignes de communication tandis que des localités de la périphérie de la capitale, comme Douma, sont soumises à un siège du régime ou sont détruites par les combats.

Pour compenser cette chute, “nous voulons approcher le consommateur directement sans passer par des intermédiaires”, souligne M. Halwani, bien décidé à sauver la maison fondée en Syrie en 1830 par son arrière grand-père et installée depuis trente ans à Bab Msala, au c?ur de Damas.

De son côté, Ahmad a fortement baissé les prix du prêt-à-porter et de la lingerie qu’il propose, car ses ventes ont chuté de 50%.

“Nous avons de nouvelles jupes en tergal de différentes couleurs pour seulement 2.000 livres (7 dollars)…C’est trois fois rien”, annonce-t-il pour convaincre une jeune cliente, portant jeans moulant et foulard sur la tête. Elle choisit plutôt un top à paillettes, imitation d’une grande marque française, à cinq dollars.