Mazars se renforce en Allemagne avant la réforme européenne de l’audit

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ège de Mazars à La Défense, près de Paris, photographié le 1er février 2010 (Photo : Jacques Demarthon)

[21/04/2015 09:21:21] Paris (AFP) Le cabinet français Mazars, soucieux de consolider ses positions outre-Rhin à l’approche de la mise en oeuvre d’une réforme européenne de l’audit, a fusionné avec son homologue allemand Roever Broenner Susat (RBS).

Spécialisé dans l’audit, le conseil et les services comptables, fiscaux et juridique, Mazars devient par cette opération annoncée mardi le numéro 8 de son secteur dans ce pays, précise à l’AFP son directeur général Philippe Castagnac.

Le nouvel ensemble regroupera plus de 1.000 collaborateurs, pour un chiffre d’affaires de 110 millions d’euros, soit près de 10% des revenus de Mazars.

Après la finalisation du rapprochement, l’Allemagne représentera le 4e marché du cabinet, après la France (environ un quart du chiffre d’affaires avec 300 millions d’euros), la Grande-Bretagne et les Etats-Unis (environ 150 millions d’euros respectivement).

L’opération permet à Mazars d’être mieux positionné au sein de la première économie de la région avant la mise en oeuvre, en 2016, d’une réforme européenne de l’audit, ce contrôle assurant la sincérité et la régularité des comptes d’une entreprise.

– Face aux “Big Four” –

Après un fort mouvement de consolidation dans les années 1990 et 2000, le marché de l’audit est actuellement dominé par les “Big Four”: Deloitte, Ernst & Young, KPMG et PriceWaterhousecoopers.

En France par exemple, ces quatre sociétés concentrent 85% des mandats du CAC 40 (une activité qui a rapporté au total 731 millions d’euros en 2013), laissant 15% à Mazars, selon des données de l’Autorité des marchés financiers.

Cette quasi-hégémonie a été critiquée après la crise financière, aucun des grands cabinets n’ayant tiré la sonnette d’alarme sur les comptes des établissements financiers américains, en premier lieu ceux de Lehman Brothers, avant leur déconfiture.

Les nouvelles mesures adoptées par le Parlement européen en 2014, qui permettent d’harmoniser les règlements au niveau communautaire, visent donc aussi à déconcentrer le marché de l’audit.

L’une des principales dispositions est le principe de rotation: les entreprises devront changer d’auditeurs au maximum tous les dix ans, une période pouvant être prolongée de 10 ans supplémentaires après un appel d’offres et de 14 ans en cas d’audit conjoint par deux cabinets différents.

La réforme prévoit également la généralisation de cet audit conjoint, une pratique déjà répandue en France qui permet d’apporter un double regard sur les comptes de l’entreprise.

Ces évolutions incitent les entreprises à ouvrir plus largement leurs portes aux cabinets autre que les “Big Four”.

Elles se traduisent aussi pour l’instant par une consolidation des réseaux de cabinets de taille intermédiaire qui, comme Mazars ou comme les britanniques Grant Thornton ou BDO, multiplient les acquisitions.

Entre la nécessité d’être présent dans de nombreux pays et les structures de formations et de contrôle de qualité interne exigées, “les contraintes sont telles que seuls les plus grands cabinets pourront s’en sortir”, estime M. Castagnac.

– Internationalisation exigée –

Le cabinet français était déjà présent outre-Rhin depuis l’ouverture d’un premier bureau à Francfort en 1977. Il a choisi de fusionner avec RBS car le groupe est “très proche de nos valeurs, ainsi que de notre organisation administrative et financière”, explique M. Castagnac.

L’expansion en Allemagne s’inscrit aussi dans le cadre de l’internationalisation croissante du groupe: en dix ans Mazars a étendu son implantation géographique de 38 à 73 pays, doublant parallèlement son chiffre d’affaires à 1,08 milliard d’euros en 2014.

Le cabinet ambitionne d’atteindre un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros en 2020, notamment en élargissant ses activités aux Etats-Unis et en Asie.

Cette expansion géographique est indispensable “pour conserver nos clients, les grandes entreprises qui jouent la carte de la mondialisation”, explique M. Castagnac.