Tunisie – France – Culture : L’IFT donne un poumon culturel à Tunis

Le nouveau centre culturel édifié sur le site de l’ancien Petit Lycée Carnot, et qui sera inauguré le 14 mai prochain, va contribuer à arrêter la désertification culturelle dont la capitale est victime depuis plus de vingt ans.

Le 14 mai prochain restera probablement comme une date marquante dans l’histoire de Tunis. Ce jour-là, la capitale verra le centre culturel «Petit Carnot» ouvrir ses portes, avenue de Paris sur le site qu’occupaient jusqu’à récemment la bibliothèque Carnot –devenue par la suite Médiathèque Charles-De-Gaulle. Pour célébrer cet événement, ce complexe s’étendant sur près de 4000 m2 –et qui va également accueillir les équipes de l’Institut Français de Tunis (IFT), à ce jour encore installées au 87 de l’avenue de la Liberté- sera le théâtre, sur deux jours, d’une série d’activités culturelles et artistiques –dont une exposition de tableaux inédits du peinte Jalel Ben Abdallah- qui donneront à la capitale un air de festival.

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Avec l’ouverture de cet espace, dont le Moucharabieh rappelle un peu celui de l’Institut du Monde Arabe à Paris, il y aura désormais un avant et un après 14 mai 2015. Car l’activité que déploiera à l’avenir le centre culturel «Petit Carnot» contribuera sans nul doute grandement à stopper la désertification culturelle dont Tunis est victime depuis plus de vingt ans. Avec notamment la fermeture de la plupart des salles de cinéma, le déclin des maisons de la culture Ibn Khaldoun et Ibn Rachiq et le déménagement des centres culturels américain et britannique. Une situation que François Gouyette n’a pas manqué de faire remarquer, lorsqu’il a expliqué, à l’occasion de la pré-inauguration du centre, organisée jeudi 2 avril à l’intention des journalistes, les raisons qui ont amené les Français à l’implanter là où il est.

«Si on a choisi le centre-ville c’est pour être parmi les Tunisiens, alors que d’autres pays ont fait le choix contraire en déménageant leurs centres culturels pour des raisons de sécurité», a noté l’ambassadeur de France à Tunis.

Le nouveau centre culturel «Petit Carnot» sera un véritable poumon culturel –le premier- pour Tunis. Car ce petit bijou d’architecture retapé à neuf et réaménagé par des équipes franco-tunisiennes va, selon le mot de Patrick Flot, directeur de l’Institut Français de Tunisie (IFT), «s’attacher à faciliter les liens entre artistes et professionnels français et tunisiens, favorisants le partage et les projets innovants» et sera «résolument engagé dans le soutien à la liberté d’expression, à la diffusion des savoirs et à l’ouverture à de nouvelles formes d’expression artistique: arts de la rue, arts numériques, etc.».

Au grand public, le nouveau centre culturel proposera «une offre culturelle plurielle où la modernité, l’innovation et l’avant-garde auront toute leur place, aux côtés d’expressions artistiques plus populaires», complète le directeur de l’IFT et conseiller de coopération et d’action culturelle.

Conçu dans un contexte de crise économique, le projet de réaménagement et de reconversion du Petit Lycée Carnot n’a pas été facile à concrétiser. Pour en boucler le financement, les autorités françaises ont dû faire appel en octobre 2014 au soutien généreux d’une demi-douzaine de sponsors –qui ont apporté une partie des 15 millions de dinars nécessaires à la réalisation de ce projet- auxquels l’ambassadeur François Gouyette a tenu à rendre hommage. Dont les trois plus importants ont été associés à l’événement du jeudi 2 avril.

Premier à prendre la parole, Patrick Poupon, administrateur directeur général de l’UBCI, a rappelé que celle-ci a répondu présent «à la demande d’apporter son soutien à la rénovation de cet espace», d’autant que la banque «est un fidèle sponsor», puisqu’elle soutien déjà le Forum de la Jeunesse –dont la cinquième édition sera accueillie du 1er au 3 mai par le centre culturel- et de Campus France Tunisie.

Matthieu Langeron, directeur général de Total Tunisie, estime qu’«on ne peut pas s’implanter dans un pays exigeant comme la Tunisie sans s’impliquer dans la vie de la cité» et qu’en signant en octobre 2014 d’une convention avec l’ambassade, Total Tunisie a initié «un partenariat qui va se poursuivre».

Se déclarant «fier d’avoir eu l’occasion de participer» à ce projet, Bassem Loukil, PDG du groupe Loukil, est convaincu que «sans rapprochement culturel entre les deux pays, les affaires ne peuvent pas prospérer».