Crash A320 : les accidents de “low cost” sont rares

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un A320 qui a fait 150 morts, le 24 mars 2015 (Photo : Boris Horvat)

[24/03/2015 17:32:18] Paris (AFP) Les accidents impliquant des avions “low cost” en Europe restent très rares et ces compagnies ayant conquis une importante part de marché ces dernières années sont astreintes aux mêmes règles strictes de maintenance que les autres, soulignent des experts du secteur.

Avant l’accident de l’Airbus A320 de Germanwings mardi, un seul accident mortel avait endeuillé le transport aérien à bas coût en Europe: celui d’un Boeing 737 la compagnie chypriote Hélios, en Grèce en 2005 (121 morts), à la suite d’une panne d’oxygène.

Grâce à leurs prix plancher et un service recentré sur l’essentiel, les “low cost” sont parties à l’assaut du trafic aérien du Vieux continent, en bénéficiant notamment de la dérégulation du secteur au début des années 1990. Aujourd’hui, “les compagnies low cost représentent environ 30-40% du trafic moyen-courrier en Europe”, explique à l’AFP Bertrand Mouly-Aigrot, associé chez Archery Strategy Consulting, et spécialiste des transports aériens.

Le pionnier de ces acteurs du ciel, l’Irlandais Ryanair, avec une flotte de 300 Boeing 737, dessert 186 aéroports de 30 pays européens et propose plus de 1.600 vols quotidiens. Son concurrent britannique EasyJet, qui comptera bientôt 226 Airbus A320, opère en moyenne plus de 1.400 vols par jour.

Ces deux compagnies et leurs émules (Air Berlin, Vueling, Norwegian, Wizz Air…) ont connu une telle croissance qu’elles ont contraint les compagnies historiques à s’adapter, sous peine de disparaître du marché court et moyen-courrier.

C’est ainsi qu’Air France-KLM pousse pour développer sa filiale Transavia – motif d’un dur mouvement social à l’automne 2014 -, et qu’à partir de 2013, Lufthansa a confié à Germanwings ses liaisons européennes depuis et vers l’Allemagne, à l’exception des vols depuis et vers ses hubs de Francfort et Munich. L’avion entre Barcelone (Espagne) et Düsseldorf (Allemagne) qui s’est écrasé mardi dans les Alpes faisait donc partie de ce programme.

– ‘Moins de confort, pas moins de sécurité’ –

Avant cet accident, dont les raisons n’ont pas encore été établies, les compagnies européennes à bas coût se targuaient de leur bilan en matière de sécurité, en en faisant même un argument commercial.

Ryanair et Easyjet vantent aussi la jeunesse de leur flotte, ce qui s’explique par leur modèle économique, remarque Xavier Tytelman, spécialiste de la sécurité aérienne. En effet, tous les quatre ou cinq ans, les avions de ligne sont astreints à des révisions majeures qui les immobilisent pendant des semaines. “Les compagnies low cost n’ont aucun intérêt à investir dans le matériel qui est nécessaire pour cette maintenance. Donc, juste avant que l’avion arrive à cet âge-là, ils vont le vendre”, explique M. Tytelman à l’AFP.

Toutefois, dans le cas de l’A320 de Germanwings, exploité auparavant par sa maison mère Lufthansa, l’appareil avait 25 ans. A un tel âge, un avion “est relativement vieux, et probablement dans ses dernières années de service commercial”, note M. Mouly-Aigrot.

“Mais le retrait du service commercial des avions les plus âgés est une question économique, (…) pas une question de sécurité”, assure-t-il, car “les vieux avions coûtent plus cher à exploiter et sont moins performants”. Il remarque aussi que les avions modernes sont conçus pour voler 30 à 40 ans.

Et qu’il s’agisse d’une compagnie low cost ou pas, les appareils sont assujettis aux mêmes règles de maintenance: “A bas coûts, ça veut dire qu’on a moins de confort, mais pas moins de sécurité”, résume M. Tytelman.

Germanwings bénéficie d’une excellente réputation dans les cercles de l’aviation civile européens, s’accordent en outre à dire les deux experts. “Il s?agit d’une filiale de Lufthansa, première compagnie aérienne européenne, réputée pour son sérieux et sa fiabilité, et qui en plus est la maison mère de l’un des géants mondiaux de la maintenance aéronautique, Lufthansa Technik. Elle effectue la maintenance de dizaines de compagnies aériennes à travers le monde”, souligne M. Mouly-Aigrot.