Valls à Bruxelles pour défendre ses réformes, sans soumission à l’Europe

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çais Manuel Valls accueilli par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le 18 mars 2015 à Bruxelles (Photo : Emmanuel Dunand)

[18/03/2015 13:47:18] Bruxelles (AFP) Le Premier ministre français Manuel Valls, sous pression de la Commission européenne pour réduire les déficits, devait rappeler mercredi ses engagements en faveur de “réformes ambitieuses”, en se gardant d’apparaître soumis aux injonctions de Bruxelles, à l’approche d’élections locales qui risquent d’être marquées par un score record du Front national.

Pour son premier déplacement au siège de la Commission depuis sa prise de fonction il y a près d’un an, le chef du gouvernement français a rencontré le président de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker, et l’ensemble des commissaires.

La Commission européenne a accordé fin février un nouveau délai de deux ans à la France pour revenir dans les clous de 3% de déficit public, mais a fixé dans la foulée une trajectoire plus difficile à respecter.

Bruxelles souhaite que la France atteigne un déficit public de 4,0% du PIB en 2015 (au lieu des 4,1% promis initialement par Paris), 3,4% en 2016, là où Paris prévoit 3,6%, puis 2,8% en 2017, année électorale pendant laquelle le pays est censé repasser sous la barre des 3%.

Le président François Hollande a promis dans la foulée que 4 milliards d’économies supplémentaires seraient mises en ?uvre cette année, mais l’exécutif n’a pas encore dévoilé de mesures précises en ce sens. Paris en reste à son objectif initial de 50 milliards d’économies d’ici la fin du quinquennat, avait dit le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, lors d’un déplacement à Bruxelles début mars.

Manuel Valls ne devrait pas être plus précis, Paris jugeant que le déplacement à Bruxelles n’est pas “le lieu” pour des annonces. L’objectif était pour lui de montrer qu’il a bien un “agenda de réformes ambitieux”, dont Paris reconnaît que “la cohérence d’ensemble n’est pas toujours perçue par nos interlocuteurs”.

– Agacement –

Le répit fourni à Paris a suscité de l’agacement chez certains partenaires européens, et au sein même de la Commission, même si à Matignon on assure qu’il n’y a eu “aucun traitement de faveur”.

Aux attentes de Bruxelles s’ajoute une pression domestique, à quatre jours d’élections départementales où les sondages créditent le Front national europhobe d’un score record voisin de 30%.

Manuel Valls entendait ainsi défendre sa “vision” de l’Europe, façon de marquer une distance avec la ligne bruxelloise. Le Premier ministre entend montrer que “si l’Europe a des attentes à l’égard de la France, la France a des attentes à l’égard de l’Europe”, selon son entourage, notamment sur le soutien à la relance économique et la mise sur les rails rapide du plan Juncker et ses 315 milliards d’euros d’investissements.

Fin février, le commissaire aux affaires économiques, le Français Pierre Moscovici, a estimé que la montée de l’extrême droite en France n’était pas une raison pour “éviter de faire des réformes”.

Coïncidence heureuse pour le chef de gouvernement français: l’OCDE a révisé à la hausse mercredi matin ses prévisions de croissance pour la France, à 1,1% en 2015 et 1,7% en 2016, soit respectivement 0,3 point et 0,2 point de mieux que dans ses estimations de novembre dernier. Cette révision reste toutefois similaire à celle que l’organisation économique des pays développés a appliqué pour l’ensemble de la zone euro.

Manuel Valls et l’exécutif français multiplient ces dernières semaines les déclarations plus optimistes sur l’économie française, en laissant entrevoir, avec prudence, que 2015 serait l’année du retour de la croissance. “Cela va mieux”, a notamment assuré ces derniers jours le Premier ministre.

Le chef du gouvernement, qui s’investit fortement dans la campagne des élections départementales françaises en s’en prenant en premier lieu au Front national, doit également dénoncer l’essor du populisme en Europe.

Avant de reprendre le chemin de la campagne en France, il rencontrait son homologue belge, le libéral Charles Michel, avec lequel il devrait parler notamment de la lutte contre le jihadisme et les combattants étrangers.