Etats-Unis : la Fed à bout de patience sur les taux d’intérêt ?

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çade du siège de la Réserve fédérale américaine à Washington, en 2008 (Photo : Karen Bleier)

[17/03/2015 21:39:36] Washington (AFP) “Patience”: le sort d’un simple mot va mercredi concentrer toute l’attention de la planète financière, avide de savoir si la Banque centrale américaine (Fed) s’apprête à relever ses taux d’intérêt dans les mois qui viennent.

Le Comité monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) achève à 14H00 locales (18H00 GMT) à Washington une réunion de deux jours qui sera suivie, une demi-heure plus tard, d’une conférence de presse de sa présidente Janet Yellen.

La Fed doit dans l’immédiat laisser ses taux directeurs inchangés mais de nombreux économistes s’attendent à ce que le Comité cesse de dire dans son communiqué qu’il “peut être patient” avant de resserrer la politique monétaire. Ce signal ouvrirait la voie à une première hausse des taux d’intérêt, au plus tôt en juin, voire en septembre.

Les taux d’intérêt au jour le jour sont restés autour de zéro depuis plus de six ans pour soutenir la reprise après la crise financière et la récession. Ce changement de langage serait le signal le plus clair d’une nouvelle direction de politique monétaire depuis que l’ancien patron de la Fed, Ben Bernanke, a évoqué pour la première fois la réduction des achats d’actifs en juin 2013, provoquant des remous sur les marchés financiers.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a d’ailleurs invité mardi les pays émergents à se préparer à une volatilité des flux de capitaux dans le sillage d’une hausse des taux américains. “Le danger est que les vulnérabilités qui s’accumulent pendant la période de politique monétaire très accommodante puissent se révéler soudainement quand il y a une inversion de cette politique, créant une importante volatilité du marché”, a dit Mme Lagarde en visite en Inde.

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ésidente de la Banque centrale américaine (Fed) Janet Yellen le 25 février 2015 à Washington (Photo : Brendan Smialowski)

En éliminant l’idée que la Réserve fédérale doive rester “patiente” avant de relever les taux, “la Fed va se doter de la flexibilité nécessaire pour déterminer quand elle va commencer à normaliser sa politique monétaire”, a expliqué Joseph LaVorgna, économiste de Deutsche Bank.

La rapide amélioration du marché du travail aux Etats-Unis, forte d’un taux de chômage qui se rapproche du plein emploi (5,5% en février), plaide pour un prochain resserrement du crédit. Mais en même temps, en l’absence d’accélération des salaires et à cause de la chute des prix de l’énergie, l’inflation est loin de l’objectif de 2% à moyen terme de la Fed (0,2% en janvier sur un an, selon l’indice PCE).

-Après la “patience”: la “flexibilité ?-

“La question est: par quoi vont-ils remplacer +patience+ ?” s’est interrogé Mark Olson, un ancien gouverneur de la Fed, sur la chaîne économique CNBC. Il mise sur une formule indiquant que la banque centrale va se donner désormais “une flexibilité”.

S’il est peu probable que le communiqué du FOMC mentionne explicitement le dollar, la considérable appréciation du billet vert ne manquera pas d’être évoquée à la conférence de presse, la première de l’année pour Janet Yellen.

Le dollar n’a cessé de se renforcer depuis le début de l’année par rapport à l’euro dans l’anticipation d’une remontée des taux aux Etats-Unis et alors que la Banque centrale européenne (BCE) a entamé une politique monétaire très accommodante qui diverge de celle que s’apprête à mener la Fed. Cela amoindrit la compétitivité des entreprises américaines à l’exportation et rend aussi les importations moins chères, faisant encore fléchir l’inflation dans le pays.

Pourtant, l’appréciation de la monnaie américaine ne devrait pas retarder une première hausse des taux, jugeait Nariman Behravesh, économiste en chef à IHS. C’est seulement “un fort vent contraire qui la fera aller très lentement après un premier relèvement”, prévoit-il.

La banque centrale doit aussi publier mercredi de nouvelles prévisions économiques. Elles pourraient s’avérer meilleures sur le front du chômage mais moins optimistes sur la croissance et l’inflation, affirment les économistes. Plusieurs indicateurs ont été décevants avec l’hiver brutal de ce début d’année.