Tunisie – Politique : «Chokri n’est plus avec nous, il est en nous»

chokri-belaid-rafik-680.jpg«Chokri n’est plus avec nous, il est en nous», c’est sous ce signe inspiré d’une pièce de théâtre de Leila Toubel que la Fondation Chokri Belaid contre la violence, présidée par la veuve du martyr, Basma Khalfaoui, a décidé de placer la 2ème commémoration de l’assassinat du martyr, assassiné le 6 février 2013, en plein jour, devant son domicile, par plusieurs balles tirées à bout portant par un salafiste djihadiste qui a pris ensuite la fuite avec un complice sur une mobylette.

Gros plan sur la portée d’une commémoration.

C’est manifestement le plus bel hommage qu’on peut rendre à cet opposant hors pair qui, en consentant le sacrifice suprême, a sauvé la Tunisie et ses générations futures d’une des pires dictatures qu’aurait pu connaître la Tunisie. Celle de l’islam politique dont les nahdhaouis fréristes étaient les protagonistes et dont les actuels exploits barbares de l’État islamique en Irak et au Levant (une excroissance des Frères musulmans) en est la sinistre illustration.

La monstruosité des islamistes commanditaires de son assassinat a été telle qu’ils ont cherché à assassiner une seconde fois le martyr en s’employant, par le biais de chaînes de télévision partisanes (Al-Jazzera, Al Moutawassit et Zeitouna) à dénigrer sa femme Basma Khalfaoui et à disculper les islamistes djihadistes exécutants du meurtre.

Chokri Belaid est désormais intemporel

Le message de cette commémoration est très clair: Chokri Belaid n’est pas mort. Comme tous les grands leaders, il est devenu intemporel. Autrement dit, sa mort n’a pas été vaine. Elle aura servi à raffermir la solidarité entre les Tunisiens, à leur faire prendre conscience de leur tunisianité et à les mobiliser aux fins de faire quelque chose pour la Tunisie et de ne pas tomber dans le piège «du carré de la violence qui ne servirait que le parti islamiste Ennahdha».

Lui qui aimait dire également qu’un pays n’est digne de ce nom que s’il respecte ses martyrs et leur voue reconnaissance et gratitude.

Aujourd’hui, les Tunisiens, ceux-là mêmes qui l’ont pleuré et ceux-là mêmes qui l’ont aimé comme il était, un opposant pur et dur, ont compris le message et saisi toute la portée universelle de ses prophéties.

Chokri Belaid, qui avait mis en garde contre la barbarie génétique des fréristes musulmans et alliés internationaux. Lui qui était contre l’endettement excessif du pays -pour lui, le surendettement, généré par l’obtention de prêts non justifiés, ne sert que les gouvernants kleptocrates et les lobbies apatrides.

Il était opposé à la dépendance de l’étranger, à l’iniquité fiscale, à la cherté de la vie, à l’injustice sociale, à la discrimination régionale, à l’industrialisation sans valeur ajoutée, à la marginalisation d’un secteur stratégique à forte employabilité comme l’agriculture. Autant d’injustices qui commencent à favoriser le retour de la gauche dans le monde.

La montée spectaculaire, ces jours-ci, au pouvoir de la coalition de gauche grecque Syriza et l’écho favorable qu’elle a recueilli à l’échelle internationale lui donnent raison aujourd’hui.

Les Tunisiens lui sont reconnaissants

En signe de reconnaissance envers l’ensemble de son parcours et de ses oracles, les Tunisiens vont lui rendre, trois jours durant (6, 7 et 8 février 2015), un vibrant hommage à la mesure de son sacrifice.

Au regard des composantes du programme, la 2ème commémoration de son assassinat sera tout simplement grandiose. Elle sera digne d’un grand leader d’envergure universelle. Le charme de cette commémoration sera sa dimension esthétique et artistique.

Pour les Tunisiens intelligents, Chokri Belaid sera, éternellement, cet agitateur d’idées et cette conscience qui nous interpellera toujours. D’où toute la pertinence de cette pensée: «Chokri Belaid sera, constamment pour nous, un martyr heureux».