La banque centrale de Russie apporte une bouffée d’oxygène à l’économie

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éclaration devant le parlement, le 30 janvier 2015 à Moscou (Photo : -)

[30/01/2015 12:44:36] Moscou (AFP) La banque centrale de Russie a tenté vendredi d’apporter une bouffée d’oxygène à une économie au bord de l’asphyxie avec une baisse surprise de son taux directeur, sacrifiant le rouble qui a replongé à ses pires niveaux depuis les journées noires de décembre.

En ramenant son taux directeur de 17% à 15%, la Banque de Russie est revenue partiellement sur la hausse drastique décidée mi-décembre.

Le rouble, après des mois de dépréciation sur fond de crise ukrainienne et de chute des cours du pétrole, venait alors de subir un plongeon sans précédent en 15 ans de pouvoir de Vladimir Poutine. La panique gagnait la population qui retirait massivement des fonds des banques, qui pour les convertir en devises, qui pour acheter de manière frénétique téléviseurs, automobiles ou meubles en prévision de hausses de prix.

Cette mesure avait apporté une certaine stabilisation sur le marché des changes et certaines voix dans les milieux économiques réclamaient donc une baisse rapide du taux, dont le niveau rendait l’endettement intenable pour les ménages et les entreprises.

Mais les économistes, unanimes, estimaient qu’il faudrait attendre, vu l’accélération persistante de l’inflation déjà à un taux annuel de plus de 12% et qui devrait dépasser 15% au printemps selon les autorités.

Surtout, le moment semblait mal choisi en plein nouvel accès de faiblesse de la monnaie sur fond de regain de violences en Ukraine –et donc de menace de nouvelles sanctions– et de mauvaise nouvelle pour la Russie avec la décision de Standard & Poor’s de reléguer sa dette souveraine dans la catégorie “spéculative” boudée des investisseurs.

Le rouble a aussitôt rechuté à des niveaux plus vus depuis le mardi noir du 16 décembre. L’euro s’envolait au delà du seuil de 80 roubles, à 80,03 roubles vers 12H00 GMT, et le dollar des 70 roubles, à 70,48 roubles.

– Relance du crédit –

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ée de la Banque de Russie, le 17 décembre 2014 à Moscou (Photo : Yuri Kadobnov)

La Banque de Russie a expliqué vouloir “prévenir une chute importante de l’activité dans un contexte de facteurs extérieurs négatifs”, dans une référence apparente aux sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne ainsi qu’à la chute des cours du pétrole

La banque centrale prévoit en effet une chute de 3,2% du produit intérieur brut au premier semestre, après une croissance évaluée à 0,6% en 2014.

A 17%, le taux directeur restait “assez haut pour permettre d’atteindre les objectifs d’inflation à moyen terme, mais n’est pas de nature à provoquer un refroidissement excessif de l’économie”, a plaidé la présidente de la banque centrale, Elvira Nabioullina, citée dans un communiqué.

“Une baisse de deux points permettra de relancer le crédit pour le secteur réel”, a-t-elle assuré.

La Banque de Russie estime par ailleurs que sa hausse des taux de décembre a eu les objectifs escomptés pour apaiser la situation, et que “l’ajustement” actuel des prix à la chute de la monnaie est “temporaire”, permettant un retour à l’inflation sous 10% d’ici à la fin de l’année.

Totalement inattendue, cette décision “est positive pour l’économie et pour le marché”, a estimé Oleg Kouzmine, économiste chez Renaissance Capital. “Les conditions difficiles du crédit avaient placé une lourde pression sur les banques et ainsi sur le crédit”.

Cet économiste a jugé que cette décision pourrait s’expliquer le retour de Dmitri Touline. Ce vétéran de la banque centrale d’URSS puis de Russie, en poste notamment dans les dramatiques années post-soviétiques, a été rappelé mi-janvier comme vice-président en charge de la politique monétaire.

Le Kremlin, par la voix du conseiller économique Andreï Belooussov, avait alors prédit des “changements”, jugeant “quasi impossible” de faire des affaires avec un taux directeur à 17%.

Les mois à venir s’annoncent particulièrement difficiles. Malgré une série de 60 mesures publiées mardi par le gouvernement pour atténuer les effets de la crise, dont des injections dans le système bancaire, une chute de la consommation et des investissements sont à prévoir.

Les autorités ont déjà prévenu que le produit intérieur brut pourrait diminuer de 5% cette année faute de rebond des cours du pétrole.