A Davos, des appels pour éviter l’effondrement économique de l’Ukraine

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écran géant du président ukrainien Petro Porochenko au Forum économique mondial de Davos, le 21 janvier 2015 (Photo : Fabrice Coffrini)

[23/01/2015 16:09:25] Davos (Suisse) (AFP) C’est un cri d’alarme qu’ont poussé à Davos les soutiens de Kiev: l’Ukraine a besoin d’urgence d’une aide massive pour éviter l'”effondrement” financier qui la menace, en raison d’un conflit qui se dégrade de nouveau.

Alors que sur le front les combats prennent un tournant particulièrement sanglant, l’avenir de l’Ukraine était débattu vendredi lors du Forum économique mondial organisé dans les Alpes suisses.

et financière) le plus rapidement possible”, a averti l’ancien président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso.

Pour l’ancien responsable européen, en poste jusqu’à l’automne dernier, “la communauté internationale ne prête pas à l’Ukraine l’attention qu’elle mérite aujourd’hui”.

Déjà proche de la faillite, l’ex-république soviétique a traversé des mois de crise politique aboutissant à la fuite de son président prorusse Viktor Ianoukovitch, puis l’annexion de la Crimée par la Russie avant le déclenchement d’une insurrection armée prorusse dans l’Est, où les combats ont fait plus de 5.000 morts en neuf mois.

Kiev et l’Occident accusent Moscou d’armer les rebelles et d’avoir envoyé des milliers de ses soldats en Ukraine, ce que la Russie nie.

“L’Ukraine fait face à un assaut militaire et financier”, a lancé Georges Soros. Selon le milliardaire américain, le président russe Vladimir Poutine a le “projet déterminé de déstabiliser et de détruire” l’Ukraine qui s’est tournée vers l’Occident.

Pour les personnalités occidentales réunies par la fondation de l’oligarque ukrainien Viktor Pintchouk, le message est clair: le temps presse.

“L’Ukraine risque un effondrement si elle ne reçoit pas d’aide massive (politique

Le conflit dans l’est du pays, coeur industriel et minier du pays, a aggravé la crise économique dans ce pays de 45 millions d’habitants, dont le produit intérieur brut a chuté de 8,5% l’an dernier.

Venue à Davos plaider la cause ukrainienne auprès du gratin de l’économie mondiale, la ministre ukrainienne des Finances Natalie Jaresko a révélé le coût exorbitant de la guerre: “Nous dépensons de 5 à 7 millions de dollars par jour”.

La responsable négocie un nouveau programme d’aide avec le Fonds monétaire international et vient d’admettre la possibilité d’un rééchelonnement de la dette extérieure de Kiev.

– Marathon –

L’Occident a déjà promis de prêter 27 milliards de dollars à Kiev. Les Ukrainiens ont déjà reçu 5 milliards. Mais face aux défis titanesques, cela ne suffit pas.

“L’Histoire va juger l’Occident en 2015 en fonction de ce qui a été fait pour l’Ukraine plutôt que de ce qui a été fait à la Russie”, a estimé Larry Summers, ancien conseiller du président américain Barack Obama et aujourd’hui économiste à l’Université de Harvard.

Si trois hauts responsables de Kiev participant à la conférence, dont deux ministres, ont énuméré des projets à peine lancés ou prévus pour lutter contre la corruption et améliorer le climat pour affaires, beaucoup ont pris ces paroles avec prudence.

“Toutes vos intentions sont bonnes (…) mais annoncer est une chose et mettre en oeuvre en est une autre”, a déclaré M. Barroso rappelant sa longue histoire de relations avec les présidents ukrainiens qui multipliaient des promesses sans les tenir. “Ce que nos hommes d’affaires nous disent n’est pas du tout la même chose que les messages que nous recevons des autorités”.

Un homme aux cheveux gris a applaudi. C’était Olexandre Iaroslavski, l’un des quinze hommes les plus riches d’Ukraine.

“Barroso est la seule personne à avoir dit la vérité. Le gouvernement ne fait rien pour créer des conditions propices aux affaires”, a-t-il expliqué à l’AFP après la conférence.

Accusation injuste, réplique Dmytro Chymkiv, ancien directeur de la représentation de Microsoft en Ukraine chargé du dossier des réformes au sein de l’administration présidentielle.

“La communauté internationale (…) nous demande de courir un marathon aussi vite qu’un sprint sans tenir compte du fait que nous saignons financièrement et militairement”, a-t-il répondu aux critiques.

“Mais nous voulons courir, nous voulons gagner et nous allons y arriver”, a-t-il assuré.