Banque d’Algérie : La note qui fait trembler tout le pays?

Par : Tallel

Les réserves officielles de changes de l’Algérie, seul gage de sa solvabilité extérieure et de la bonne tenue de ses équilibres macroéconomiques, commencent à fondre.

La toute dernière note de conjoncture, que la Banque d’Algérie (BA) vient de rendre publique, le signifie très clairement: «Les réserves officielles de change se sont contractées à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014, après une progression au second semestre de 2013 à 194 milliards de dollars en fin de période». Cela, faut-il le souligner, n’est pas arrivé depuis 2000, soit l’année même qui correspond au tout début de la reconstitution des réserves officielles de change de l’Algérie, après le choc externe de la période 1998 à 1999.

Ainsi, au premier semestre de l’année en cours, où les prix du pétrole étaient pourtant encore favorables, la balance des paiements extérieurs de l’Algérie, baromètre de ses échanges commerciaux et des revenus avec le reste du monde, a dégagé un déficit de 1,32 milliard de dollars, contre un excédent de 0,89 milliard de dollars à la même période de 2013. D’où la contraction constatée des réserves de changes officielles, qui s’amoindrissent ainsi de façon effective et non par un quelconque effet de valorisation lié à des fluctuations des taux de changes.

Retour à l’endettement?

En clair, au vu de la baisse de ses recettes extérieures et de la hausse de ses dépenses internes, l’Algérie commence officiellement à inverser sa courbe d’accumulation de réserves de changes, accentuant par là même les risques d’un retour plus rapide à des situations d’endettement. Car, tel que le fait ressortir le rapport de la BA, la tendance à la dégradation des fondamentaux, déjà enclenchée au début de l’année, se confirme d’emblée à la fin du premier semestre, bien que le prix du baril ait atteint les 115 dollars à fin juin dernier.

En dépit de la relative bonne tenue des prix des hydrocarbures, lesquels ont atteint 110,27 dollars le baril au second trimestre de 2014, les exportations d’hydrocarbures, révèle en ce sens la BA, «se sont établies à 31,83 milliards de dollars au cours des six premiers de l’année, baissant ainsi de 1,37% par rapport à la même période de 2013, où leur niveau était de 32,27 milliards de dollars».

Parallèlement, les importations de biens ont progressé à 29,83 milliards de dollars durant la période considérée, contre 29,22 milliards de dollars au premier semestre de 2013, favorisant ainsi la contraction de l’excédent commercial de la balance des paiements, qui est passé de 3,667 milliards de dollars au premier semestre 2013 à 2,756 milliards de dollars à fin juin dernier.

Et à la tendance haussière des dépenses à l’importation, qui ne va bien évidemment pas sans accentuer les risques de graves déséquilibres extérieurs, le rapport de la Banque d’Algérie met également en évidence la contraction des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) à 4773,51 milliards de dinars à la fin du premier semestre de 2014, alors qu’elles étaient de 5238,80 milliards de dinars à fin 2013. Une contraction liée notamment «à la forte augmentation des décaissements au titre des dépenses d’équipements, en situation de poursuite de la progression des dépenses courantes», commente la BA.

Virant déjà nettement au rouge à la fin du premier semestre 2014, alors que les cours pétroliers étaient encore stables, les indicateurs macroéconomiques de l’Algérie, faut-il s’inquiéter, risquent fort de se dégrader à des proportions bien plus alarmantes, au moment où le prix du baril continue de dévisser en deçà des 80 dollars.

Source : elwatan.com