Internet sans frontière, voie ouverte à la révolution des objets connectés

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érateur Eutelsat, le 13 décembre 2013 à Toulouse (Photo : Pascal Pavani)

[19/11/2014 18:34:06] Montpellier (AFP) Les espaces non connectés à l’internet vont se réduire comme peau de chagrin à la surface de la planète, permettant une explosion prochaine du nombre d’objets connectés, ont observé mercredi les experts réunis au colloque Idate sur le monde numérique à Montpellier.

Afin de supprimer les zones blanches, ces secteurs géographiques où internet est absent, soit la majeure partie des terres émergées ainsi que les océans, la solution devrait venir en grande partie du ciel.

“Les satellites géostationnaires sont la seule technologie capable de parvenir à une couverture complète, trois sont suffisants pour couvrir le monde entier à l’exception des pôles”, a ainsi assuré Michel de Rosen, PDG d’Eutelsat.

“L’espace peut en effet compléter l’offre d’internet mobile mais à travers différentes alternatives”, a pour sa part précisé Christophe Wilhelm, vice-président en charge de la stratégie et de l’innovation de Thales Alenia Space.

Plutôt qu’un satellite géostationnaire, placer un satellite en orbite basse est plus simple et plus rentable, cette solution offrant une bande passante élevée et un faible temps de latence.

Thales Alenia conçoit les satellites de l’opérateur O3b Networks, qui ambitionne d’offrir un accès internet très haut débit et bon marché à trois milliards d’habitants.

“Mais une fois envoyé, un satellite, quel qu’il soit, ne peut pas être réparé s’il ne fonctionne pas”, souligne Christophe Wilhelm.

Une autre possibilité est donc de constituer un réseau de ballons envoyés dans la stratosphère et munis de panneaux solaires, ne nécessitant pas un fort investissement.

Google a lancé ses premiers exemplaires en juin 2013 fournissant un accès Internet sans fil à quelques habitants de Nouvelle-Zélande.

Avec ce système qui abaisse le prix du transport des données, il faudrait 500 millions d’euros pour couvrir l’intégralité de la Mongolie, pays trois fois plus grand que la France, selon M. Wilhelm.

“L’espace jusqu’à présent n’était pas très digital mais nous rattrapons notre retard très rapidement”, indique-t-il.

– ‘Nouvelle ère technologique’ –

L’autre territoire à conquérir, plus restreint, concerne les avions où pour l’instant certaines compagnies proposent de connecter son smartphone par le biais d’un “pass” Wifi payant.

Encouragé notamment par l’Autorité de régulation des télécoms française, qui a autorisé en juillet dernier la fourniture de services 3G et 4G à bord des appareils, Eutelsat s’est positionné sur ce secteur.

“Nous nous attendons à enregistrer 30% de croissance par an d’ici à 2024 en terme de chiffre d’affaires lié a la connectivité en vol”, affirme Michel de Rosen.

Cette couverture massive va donc accélérer l’émergence des objets connectés qui recueillent et transmettent des données sans intervention humaine.

Pour Jean-Michel Fournier, PDG et co-fondateur de l’application sportive Bitgym, “on est au début d’une nouvelle ère technologique majeure comme il s’en produit une tous les 10 ou 12 ans”.

“La période qui s’ouvre représente le plus grand changement connu depuis le lancement du GSM”, prédit de son côté Mikael Bäck, vice-président en charge de la stratégie globale d’Ericsson.

Il est pour lui d’autant plus urgent d’agir pour éviter que ne se crée un monde complètement privé de l’essor des objets connectés.

“La conjonction du +cloud+ et de la mobilité haut débit va être quelque chose de bien plus gros que nous ne pouvons encore l’imaginer”, explique-t-il.

“Les cinq prochaines années doivent consister à ouvrir le maximum de connexions vers toutes les choses qui pourraient en bénéficier”, espère Mikael Bäck.

Couche qui prévient les parents lorsqu’il faut changer bébé, chaine audio qui adapte la programmation musicale à l’ambiance de la soirée, canne à pêche détectant le poisson: chaque semaine apporte de nouvelles applications dans l’internet des objets.

Wassim Chourbaji, vice-président de Qualcomm, évoque à ce sujet “une re-révolution du mobile”.

Pour les pays en voie de développement, en particulier en Afrique, bénéficier d’une couverture extensive pour que ces nouveaux objets puissent échanger des données entre eux est crucial dans des domaines comme l’agriculture, l’éducation, la santé ou les transports.

“Il ne s’agit pas seulement de connecter les personnes mais aussi de faire évoluer la façon dont ce processus se déroule et en tirer le plus de valeur possible”, détaille Wassim Chourbaji.