Vers une baisse probable de la rémunération des contrats d’assurance-vie

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é de contrôle du secteur, le 28 octobre 2014 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[04/11/2014 16:27:59] Paris (AFP) La rémunération des contrats d’assurance-vie risque de baisser cette année, le régulateur du secteur ayant de nouveau demandé mardi aux assureurs de faire preuve de modération en raison des faibles taux d’intérêt sur les marchés.

Christian Noyer, qui préside l’Autorité de contrôle du secteur (ACPR), a rappelé “la vigilance particulière de l’ACPR” sur le taux de rémunération versé aux assurés pour 2014.

M. Noyer, par ailleurs gouverneur de la Banque de France, avait déjà indiqué la semaine dernière s’attendre à une baisse “significative” des taux de rémunération des contrats d’assurance-vie cette année.

En cause, la faiblesse persistante des taux d’intérêts des obligations d’Etat dans lesquelles les assureurs investissent l’épargne qui leur est confiée via les contrats d’assurance-vie en euros.

Ces contrats, qui garantissent aux épargnants qu’ils retrouveront au moins leur capital, représentent environ 85% des encours en assurance-vie.

“Les taux d’intérêt sur les marchés obligataires, sur lesquels les assureurs sont très largement présents, suivent une tendance baissière depuis plusieurs années et cet environnement de taux bas pourrait se maintenir pendant encore de nombreuses années”, a estimé M. Noyer, lors d’une conférence de l’Autorité.

La rémunération moyenne des fonds euros n’a cessé de s’éroder au cours des dernières années, passant de 4,1% en 2007 à 2,8% en 2013, selon des données de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA).

C’est nettement plus élevé que le taux de rémunération de l’autre placement préféré des Français, le Livret A, tombé au niveau historiquement bas de 1% au 1er août.

Ainsi, sur les neuf premiers mois de l’année, l’assurance-vie a massivement attiré l’épargne des Français, affichant une collecte nette (versements supérieurs aux retraits) de 17,4 milliards d’euros, à comparer aux 10,8 milliards dégagés sur l’ensemble de 2013.

Dans un contexte de taux bas qui réduit les rendements futurs, le régulateur estime que les assureurs doivent privilégier la constitution de réserves à une plus forte rémunération des épargnants.

– Allier prudence et rentabilité-

“Les assureurs doivent s’adapter au contexte actuel en s’appuyant sur un rendement adapté des contrats d’assurance”, a estimé M. Noyer.

“Cela peut notamment passer par un lissage dans le temps de la distribution des résultats aux assurés, en dotant la provision pour participation aux bénéfices à un niveau suffisamment élevé”, a-t-il poursuivi.

La provision pour participation aux bénéfices est une réserve que les assureurs constituent au fil du temps pour servir de bons niveaux de rémunération les années difficiles.

“Il est légitime que (le régulateur) rappelle que l’intérêt des assurés repose sur une logique de placement à long terme”, avait commenté de son côté Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), dans un entretien aux Echos vendredi.

“Les épargnants peuvent être rassurés de savoir que les taux que continueront à leur proposer les assureurs sur le long terme allieront prudence et rentabilité”, avait-il estimé.

Selon M. Noyer, “par le passé, une bonne gestion des taux de revalorisation et des provisions a permis aux assureurs français de traverser plusieurs crises bien mieux que d’autres”.

“Mettre en question la sécurité du marché, en prenant des décisions imprudentes de revalorisation au détriment des réserves, diminuerait la capacité de résilience de certains acteurs en cas de crise”, a-t-il prévenu.